J’ai perdu mon père en 2010, à la suite d’un cancer broncho-pulmonaire d’origine professionnelle qui l’a emporté en 6 mois. Il avait 63 ans.
Il avait été pris en charge par le service oncologie de l’hôpital des Peupliers, à Paris, dans le treizième arrondissement pour ses chimiothérapies et des radiothérapies.

Quatre ans après son décès, je reçois un coup de téléphone d’une personne de cet hôpital qui demande à parler à mon père pour lui rappeler qu’il doit honorer un rendez-vous dans la semaine !
J’avais la gorge nouée. Nous avons tous été choqués. C’était insupportable, incompréhensible. Ils ne pouvaient pas ne pas avoir été informés du décès.
Il y a vraiment des choses à changer dans le système hospitalier français.
Et pourtant nous n’avions pas encore tout vu !
Quelques jours plus tard arrivait dans notre boîte aux lettres un courrier de la caisse primaire d’assurance maladie du Val-de-Marne adressé à mon père  :

« Objet : agent cancérogène fibres réfractaires.
Modalités de la surveillance : un examen clinique tous les deux ans.

Monsieur,
Vous m’avez adressé en date du 14/10/2014 une demande de renouvellement de prise en charge de votre suivi post professionnel.
L’étude de votre dossier m’a permis de vérifier que vous pouvez toujours prétendre à un suivi post-professionnel, sans avoir à faire l’avance des frais.
Vous trouverez dans ce pli l’imprimé de réglement qu’il vous appartient de remettre au médecin de votre choix.
Avec toute mon attention.
Votre correspondant de l’Assurance Maladie. »

Mon père, décédé n’avait évidemment pas pu écrire de lettre en octobre 2014. Si elle avait vraiment fait l’étude de son dossier, la CPAM 94 n’aurait jamais envoyé cette lettre.
Ces deux événements, à quelques jours d’intervalle, nous ont laissés sans voix.
J’aurais à la rigueur pu comprendre un retard de mise à jour quelques jours après son décès.
Mais, quatre ans après, je trouve cela aberrant, scandaleux
Les plaies du deuil - jamais totalement refermées - se sont rouvertes.
Qui peut dire que cela ne se reproduira pas dans quelques mois ou quelques années ?
Qui peut dire que ce qui nous est arrivé n’arrivera pas demain à d’autres ?
Nous alerterons l’hôpital et la CPAM 94 pour leur demander d’être plus vigilants à l’avenir.
Il faut absolument éviter des aberrations qui peuvent bouleverser des familles.

Soraya BERKANE
Addeva 93


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°47 (janvier 2015)