Le film a été présenté en avant-première le 17 septembre 2019 à Condé sur Noireau au cinéma Le Royal. La salle était pleine, essentiellement composée de victimes de l’amiante et de familles de victimes. A la fin de la séance, nombreux sont ceux qui ont tenu à témoigner. Voici des extraits de quelques témoignages.
L’angoisse, la douleur, l’amertume
« Ce film montre bien la situation telle qu’on la vit. L’angoisse et la douleur des personnes qui ont des proches, des collègues qui sont décédés à cause de l’amiante. L’amertume, parce que la justice ne veut pas reconnaître la responsabilité pénale des chefs d’entreprises. La désolation et l’inquiétude quand on voit ces bâtiments abandonnés, accessibles à tout le monde et non dépollués ».
Josette (victime de l’amiante)
Deux minutes de silence
« Il y a eu deux minutes de silence. La première, juste avant la projection est déjà un moment fort. La deuxième, inattendue et tellement symbolique à la fin de la projection, comme si tout le monde s’arrête de respirer, le souffle coupé... »
Christophe
L’espoir que le combat continue
« Ces travailleurs de la vallée de la Mort ont eu pour seule malchance de côtoyer, sans le savoir, un poison comparable à une bombe à retardement. Ce documentaire nous dévoile l’injustice au sein de la Justice, des responsables irresponsables, des crimes impunis, des usines fantômes toujours polluantes mais surtout des hommes, ces guerriers de l’amiante dont l’unique victoire est de rester en vie avec cette peur omniprésente que la lumière s’éteigne définitivement sur cette anti-chambre de l’enfer faute d’avoir été entendus. Ce reportage est donc l’espoir que le combat continue ».
Fabienne
Une terrible injustice
« Le film m’a beaucoup émue, car j’ai appris que les personnes qui souffrent de l’amiante vivent une terrible injustice et ceux qui sont décédés ne reposeront jamais totalement en paix tant que la justice n’aura pas fait son travail. »
Thaïs (14 ans)
Les souvenirs de mon enfance
« Quand j’ai vu l’usine du Platfond, des souvenirs de mon enfance sont apparus. Ceux du travail de mes sœurs, Jacqueline et Annick, plus âgées que moi d’une dizaine d’années. Après leur certificat d’études, dans les années 50, elles sont allées travailler chez Férodo au Platfond poste en 2x8. Elles me parlaient de leur métier, du tissage de bobine d’amiante, de la chaleur et de la poussière dans leur atelier, des primes de production, de la bonne camaraderie qui y régnait. En fin de semaine elles ramenaient leurs blouses à la maison, les secouaient pour les dépoussiérer avant le lavage (normal !) Leurs cheveux étaient souvent blancs à cause de cette poussière d’amiante. J’ai toujours en mémoire de les voir avec une pince à épiler se retirer des piquets d’amiante (c’était leur mot) sur les mains et les avant-bras.
Elles étaient courageuses, joyeuses et si jeunes...
Ce que je croyais joyeux avec mes yeux d’enfant est devenu un drame, un cauchemar des décennies plus tard. Jacqueline est décédée de l’amiante en 95 à l’âge de 57 ans, Annick vient de nous quitter le mois dernier, elle aussi très amiantée. Elle avait 79 ans. Moi, la petite dernière, je les ai accompagnées dans leur fin de vie. Si je suis là ce soir c’est pour leur rendre hommage et aussi à tous ceux qui ont disparu avant elles. Je suis reconnue victime de l’amiante sans jamais y avoir travaillé, à cause des blouses ramenées au domicile de nos parents. Une autre sœur en est victime pour les mêmes raisons.
Merci à tous ceux qui se battent pour qu’il y ait un procès au pénal. »
Antoinette