Quelle est votre formation initiale ?
J’ai étudié la biologie, la géologie et la biophysique. Je me suis intéressée très tôt aux effets des poussières sur l’organisme, en particulier des fibres d’amiante.
Quel a été votre parcours professionnel ?
J’ai d’abord mené des études sur des modèles animaux et des cellules mésothéliales animales et développé des lignées cellulaires humaines à Créteil.
A partir de 2005, j’ai poursuivi les recherches sur des lignées cellulaires humaines à l’Unité génomique fonctionnelle des tumeurs solides de l’Inserm, à Paris, jusqu’à ma retraite.
Enfin, j’ai continué à travailler dans cette unité avec un éméritat de 5 ans, renouvelé 5 ans. J’ai pu ainsi préparer mon remplacement par Didier Jean qui nous a rejoints en 2010.
Quel a été l’objet principal de vos recherches ?
J’ai beaucoup travaillé sur le mécanisme d’action des fibres d’amiante, puis sur la génétique moléculaire du mésothéliome.
Comment définiriez-vous ce domaine ?
On étudie les mécanismes d’action de l’amiante au niveau des cellules : quels gènes sont altérés ? Quels types d’altérations ? Quelles incidences ont les mutations sur le fonctionnement des cellules ?
L’apparition d’une tumeur provient d’un déséquilibre entre la mortalité des cellules et la survie, au profit des cellules tumorales qui prolifèrent. Il y a une dérégulation des mécanismes de contrôle de la prolifération des cellules et un dérèglement de leur mort programmée en faveur de leur prolifération.
Ce sont les deux facteurs principaux, mais il y a aussi les interactions entre les cellules cancéreuses et leur micro-environnement, en particulier les cellules immunitaires.
Ces études ont-elles une incidence sur le pronostic et les traitements ?
Il faut rechercher s’il existe un lien entre les mutations, les altérations intervenues dans les cellules tumorales et la survie des patients.
N’y a-t-il pas une coupure entre vos recherches et le travail des cliniciens ?
Des liens existent. Les cliniciens nous fournissent les prélèvements de tumeurs que nous étudions. En île-de-France, nous participons - comme le PNSM - à des réunions de concertation pluridisciplinaires avec les cliniciens.
Où en sommes-nous à l’issue de ce colloque ?
Le premier pas a été franchi en 1991 avec la création de l’IMIG, réseau international de chercheurs et de cliniciens, avec des réunions et des échanges réguliers.
Beaucoup de chemin a été parcouru (voir encadré).
Nos premières réunions étaient surtout consacrées à l’épidémiologie, aux mécanismes fondamentaux de cette pathologie et à la toxicologie.
Aujourd’hui elles portent davantage sur les traitements et les essais cliniques. L’immunothérapie semble être une voie prometteuse, mais nous n’en sommes qu’au début.
Il y a des recherches participatives en relation avec des associations de patients qui font part de leur vécu.
On s’intéresse davantage au bien-être des patients qui ne réagissent pas tous de la même manière face à la maladie et au traitement.