Le 24 novembre, à la veille du G 20, un appel a été été adressé aux dirigeants des États qui devaient participer à cette réunion pour les inciter à prendre d’urgence des mesures pour interdire l’amiante dans le monde entier.

Cet appel a été signé par des associations de victimes de nombreux pays ainsi que par des organisations syndicales, des scientifiques et des organisations défendant la santé publique et l’environnement.

« Le 30 novembre, vous vous réunirez à Buenos Aires pour une réunion importante du G20. Vous examinerez les nombreux défis auxquels notre monde est confronté et vous vous efforcerez de trouver la meilleure voie à suivre. Les différends commerciaux, les changements climatiques, l’instabilité économique et les menaces de guerre sont les défis les plus largement reconnus.

L’impact dévastateur de l’exposition à l’amiante l’est malheureusement beaucoup moins.

Plus de 230 000 décès

En 2017, plus de 230 000 personnes dans le monde sont décédées de maladies liées à l’amiante [1].

C’est le chiffre le plus élevé jamais enregistré. Bien que la majorité de ces décès soit due à des expositions professionnelles, beaucoup sont également dus à des expositions environnementales. Outre le terrible impact humain, le coût économique associé est énorme.

Une récente étude canadienne faisant autorité a estimé à plus de 2,3 milliards de dollars canadiens le coût annuel du cancer lié à l’amiante pour ce pays [2].

Nous pouvons supposer que le coût mondial est plusieurs fois supérieur à ce montant.

Une autre épidémie se prépare

Là où l’amiante a été interdit (dans plus de 50 pays) ces décès résultent principalement d’expositions antérieures aux années 90 ; mais une autre épidémie de maladie liée à l’amiante se prépare dans les pays qui n’ont pas encore interdit l’amiante.

Des pays tels que l’Inde, la Chine et la Russie, pour ne citer que quelques-uns, ont une importante population exposée.

La hausse des décès liés à l’amiante est alarmante. En Inde, par exemple, ils ont augmenté de plus de 300% entre 1990 et 2017 [3].

Tous ces décès étaient évitables

Les pathologies et les dangers liés à l’amiante sont bien connus depuis les années 1960, voire plus tôt. De nos jours, des alternatives fiables existent. Même le Canada, qui fut par le passé le plus important producteur et exportateur d’amiante, met en place une interdiction qui verra le jour le 30 décembre 2018.
Si ces statistiques de mortalité résultaient d’un conflit armé majeur, vous feriez sans doute – en tant que dirigeants - tout votre possible pour y répondre et y mettre fin.
Or bannir l’amiante est beaucoup plus facile que de résoudre des problèmes souvent complexes qui conduisent à des guerres.

Bannir l’amiante, c’est possible

Les pays qui ont mis en œuvre l’interdiction il y a plusieurs décennies ont bien tracé la voie pour passer de l’utilisation de l’amiante à des solutions de remplacement sûres.

Il est vrai qu’à court terme, certains emplois et certaines entreprises pourraient être affectés, mais une transition est possible grâce à un programme de soutien. À la lumière du nombre catastrophique de décès, l’argument selon lequel il faut sauver des emplois à tout prix n’est tout simplement plus défendable, ni humainement acceptable.

Dans le contexte des nombreux problèmes que vous allez traiter à Buenos Aires, l’amiante apparaît comme un problème extrêmement bien documenté et ciblé dans lequel de nombreux progrès ont été accomplis dans le monde. Les pays qui ont interdit l’amiante sont prêts à aider ceux qui souhaitent suivre la même voie.
Vous avez également l’exemple de votre hôte, l’Argentine, et d’autres pays d’Amérique latine qui ont été des leaders dans l’interdiction de l’amiante.

Agir à la prochaine Convention de Rotterdam

Le moment est également venu d’inscrire le chrysotile (amiante blanc) à la prochaine assemblée de la Convention de Rotterdam sur la liste des produits dangereux, dont le commerce international n’est possible qu’après information préalable sur les risques par le producteur et consentement du pays importateur en connaissance de cause.
Tous les autres types d’amiante sont déjà répertoriés sur cette liste.

Assez de victimes, assez de souffrances !

Nous, les soussignés, vous appelons à prendre des mesures décisives pour interdire l’amiante dans le monde entier. Nous représentons un large et visible éventail de forces sociales. Cela inclut des syndicats, des employeurs, des associations de défense de victimes de l’amiante, des organisations de santé publique, des chercheurs en santé, des groupes environnementaux et de nombreux citoyens concernés.

L’amiante n’est pas une histoire du passé. Il est grand temps qu’une interdiction totale et mondiale soit imposée. Pouvons-nous compter sur vos aides et assistance pour y parvenir ?

** [les intertitres sont de la rédaction]

LES SIGNATAIRES

Eric Jonckheere (ABEVA, Belgique),
Alec Farquhar (Asbestos Free, Canada),
Fernanda Giannasi (Rede Virtual, Brésil),
Sugio Furuya (Asian Ban Asbestos Net., Japon),
Laurie Kazan-Allen (IBAS, Royaume uni),
Linda Reinstein (ADAO, USA),
Tracy Ford (AREA fund, Canada),
Pooja Gupta (India Ban Asbestos Network, Inde),
Eliezer Joao de Souza (ABREA, Brésil),
Kathleen Ruff (RightOnCanada, Canada),
Lorraine Creech (Mesothelioma Resource Center, Royaume Uni),
Omana George (Asia Monitor Resource Center, Hong Kong),
Gilles Mercier (AVAQ, Canada),
Graham Dring (GMAVSG, Royaume Uni),
Jamie Kreen (MiningWatch. Canada),
Fe de Leon (CELA, USA),
Philip Hazelton (APHEDA, Australie),
Alec Rexroat (LMCT, USA),
Jacques Faugeron (Andeva, France),
Maryth Yachnin (IAVGO, Canada),
Allesandro Pugno (Anti Cancer activist, Espagne),
Meg Sears (Prevent Cancer Now, Canada),
Krishnendu Mukherjee (Barnister, Royaume Uni),
Guiliana Busto (AFEVA. Italie),
Arleen Dunn (CBTU, Canada),
Annie-Thebaud Mony (Ban Asbestos France),
Lesley Shears (AVASA. Australie),
François Iselin (CAOVA, Suisse),
Michael Roche (Occupational Health Clinic, Canada),
Bruce R. Allen (Paralegal. Canada)
Prof Carlos Damin (Toxicology U., Buenos Aires, Argentine),
Dr. Eduardo Rodriguez (Chief Worker Health, Argentine),
Dr. Ana Digon (Toxicology. U. Buenos Aires, Argentine),
Renée Guay (Attorney, Canada),
Jean Zigby (Palliative Care CAPE, Canada),
Association Henri Pézerat (France),
Helen Clayson (Royaume Uni),
Jesse Todd (SADAO, Canada),
Elena Vasilyeva (Volgograd-Ecopress, Russie),
Thomas Gassert (Mining Labour Protection Campaign Trust, Australie)
Bert Vanderstappen (Fietstocht Willy, Belgique),
Rui Carlos Vaz Martins (Interamianto, Portugal),
Paul Faulkner (IAHFIAW, Canada),
Golanta Suska (Daniel Cambier Fondation, Belgique)
Carmen Sofia Cardoso (SOS Amianto, Portuga