Stephan Schmidheiny, PDG et propriétaire des usines italiennes Eternit, est responsable d’un crime industriel qui a endeuillé des milliers de familles ouvrières de Casale, Cavagnolo, Reggio Emilia et Rubiera.
Reconnu responsable d’une « catastrophe environnementale permanente », il avait été condamné en première instance à 16 ans de prison puis à 18 ans en appel. En 2014, la Cour de cassation avait jugé son dossier prescrit et l’avait relaxé.
Le milliardaire suisse avait cru échapper ainsi à la justice. Cinq ans après, elle vient de le rattraper.
Suite au décès de deux ouvriers de l’usine Eternit de Cavagnolo, les juges de Turin lui ont infligé une peine de quatre ans de prison pour « homicide involontaire ». assortie d’une interdiction d’exercer toute charge publique pendant cinq ans. Il est aussi condamné à verser des dommages et intérêts aux parties civiles (proches des victimes, associations, organisations syndicales, institutions régionales).
C’est avec un mélange de joie et d’émotion que l’Andeva a accueilli cette formidable bonne nouvelle.
Nous étions à Rome aux côtés de nos amis italiens de l’AFeVA, le 29 novembre 2014 lorsque la Cour de cassation a rendu le verdict de la honte. Nous avons partagé leur colère et leurs larmes. Nous voulons saluer aujourd’hui leur ténacité et leur courage.
Malgré ce terrible échec, ils n’ont pas perdu espoir. Ils ont su trouver la force d’engager une seconde bataille judiciaire (« Eternit-bis ») avec les familles de plusieurs centaines de nouvelles victimes tuées par l’amiante. Afin de contourner l’obstacle de la prescription, c’est l’incrimination d’homicide et non celle de catastrophe environnementale qui a été choisie.
Les avocats de la Défense ont contesté la légitimité de ce second procès au nom du principe ne bis in idem (on ne peut juger deux fois la même personne pour les mêmes faits). Ils ont échoué.
En première instance, Schmidheiny a perdu son premier procès « Eternit-bis ». Trois autres suivront, car les dossiers des victimes des quatre usines italiennes seront répartis entre quatre juridictions géographiquement compétentes : 2 dossiers à Turin, 8 à Naples, 2 à Reggio Emilia et 392 à Vercelli.
Un pas a été franchi. La route sera longue et semée d’embuches. Retenons que le premier des quatre procès « Eternit-bis » commence par une victoire.