La traditionnelle cérémonie devant la stèle en hommage aux victimes conçue par l’artiste Christine Larivière a eu lieu le 3 mars, jour précédent de l’assemblée générale de l’Adeva, à 18h00. Elle a réuni environ soixante personnes. Benoit Arrivé, le maire de Cherbourg en Cotentin, les maires délégués Sébastien Fagnen et Gilbert Lepoittevin, ainsi les représentant du président de la Communauté de communes du Cotentin et de la région étaient présent et ont également déposé des gerbes.
Dans son discours, Pascal Canu, le président de l’Adeva Cherbourg, est tout d’abord revenu sur le grand procès pénal de l’amiante qui n’en finit pas de s’étioler. Il a cité pour exemple la décision du 16 novembre 2022 de la Cour d'Appel de Paris qui a confirmé le non-lieu prononcé en 2019 contre les anciens dirigeants de l'usine Ferrodo-Valéo de Condé sur Noireau. Ceux-ci étaient poursuivis pour homicides et blessures involontaires par des victimes locales.
« Les victimes auront-elles un jour le grand procès pénal qu’elles espèrent depuis vingt-six ans ? La justice traîne, elle ralentit volontairement la situation », a encore déclaré Pascal Canu.
Dans un second temps, il a insisté sur l’importance de veiller au respect des règles sur les chantiers de rénovation, de travailler à la sécurisation des friches industrielles laissées à l’abandon, de contrôler le respect des règles pour l’élimination des déchets amiantés.
« Plus de deux millions de salariés, aujourd’hui encore, sont exposés à des cancérogènes sur leur lieu de travail. Pour elles, nous devons faire de la prévention une priorité, car ces expositions, trop souvent délibérées aux cancérogènes, condamnent à terme, les salariés. Tous ceux qui ont été exposés à ces poisons ont des droits : Le droit à un suivi médical de qualité dans un hôpital restauré et conforté dans ses missions en fait partie ».
Enfin, triste constat, 26 ans après l’interdiction de l’amiante, le nombre de mésothéliomes ne diminue pas. Pire, en 8 ans il a été multiplié par deux. Cette terrible maladie fauche parfois des personnes encore très jeunes. « Réunis devant cette stèle, en hommage à tant d’êtres chers disparus trop tôt, nous voulons redire que nous ne les oublions pas. Nous n’oublierons jamais leurs souffrances ni l’injustice dont ils ont été victimes. Penser à eux doit nous donner la force de lutter solidairement pour un monde où l’on puisse travailler sans risquer de perdre la vie.
Pour qu’enfin, « on ne perde plus sa vie à la gagner ».
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Le lendemain, le 4 mars à 9h30 dans la salle de l'Agora à Equeurdreuville, les mêmes élus, accompagnés de la députée de la Manche Anna Pic, étaient présents pour assister à l’assemblée générale 2023 de l’Adeva Cherbourg en compagnie d’un public bien fourni réunissant environ 220 personnes.
François Lafforgue représentait le cabinet d’avocats de l’association (TTLA). Il est revenu sur le dossier pénal en souffrance évoqué la veuille par Pascal Canu. Il a également évoqué l'élargissement des indemnisations des victimes d'accidents du travail et de maladies professionnelles à travers les récents arrêts de la Cour de cassation sur la nature de la rente de maladie professionnelles (voir annexe 1).
Puis il a parlé de l’avis du Conseil d'Etat du 19 avril 2022 et de ses conséquences pour les dossiers anxiété de la DCN engagés au tribunal administratif. Considérant cet avis comme « une épine dans le pied » l’avocat a considéré que, pour le moment, rien n’était ni gagné, ni perdu. 165 dossiers sont toujours en attente depuis cet avis du Conseil d’Etat.
Rappelons que pour demander à l’État que son préjudice d’anxiété soit réparé, un salarié exposé à l’amiante dispose d’un délai de 4 ans, à partir du moment où il a eu connaissance de l’existence d’un risque élevé de développer une maladie grave. Avant la publication de cet avis, la prescription de 4 ans était « soulevée par le pénal ». « Dès qu’une victime passait au tribunal, il était considéré que l’anxiété était ravivée. Maintenant, il semblerait que cela ne soit plus le cas », a précisé Pascal Canu.
Les élus présents lors de l’assemblée générale ont été sollicités pour intervenir auprès du ministre de la Défense. La députée de la 4e circonscription de la Manche Anna Pic, qui est aussi membre de la commission de défense, s’y est engagée : « Je vais essayer d’avoir un créneau avec le gouvernement pour obtenir une réponse immédiate en passant par une question orale sans débat. Une réponse est obligatoire », a-t-elle exprimé.
Les débats ont pris fin à 12h30.