Le premier juillet, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC),  a classé l’exposition professionnelle des sapeurs pompiers dans le groupe 1 (« cancérogène avéré pour l’Homme »).

Vingt-cinq experts internationaux, venus de huit pays, ont été invités à Lyon par le CIRC pour rendre une expertise collective sur les expositions professionnelles des pompiers.

Après un examen de la littérature scientifique disponible, le groupe a classé l’exposition professionnelle des pompiers comme cancérogène.

Il a indiqué qu’il y avait des preuves suffisantes de cancer chez l’Humain pour le mésothéliome et le cancer de la vessie et des preuves limitées de cancer chez l’Humain pour les cancers du côlon, de la prostate, des testicules, ainsi que pour le mélanome de la peau et le lymphome non hodgkinien.

Un résumé des évaluations finales a été publié dans la revue The Lancet Oncology.1. L’évaluation détaillée sera publiée en 2023, dans le volume 132 des monographies du CIRC.

Un métier dangereux  et multi-exposé

Il y a environ 250 000 pompiers en France. Certains sont des professionnels, d’autres excercent l’activité de pompier en plus de leur activité principale. Ils interviennent dans des contextes divers (industriels, naturels, résidentiels...)

Lors d’un incendie, les pompiers sont exposés à  une multitude de toxiques : hydrocarbures aromatiques polycycliques (H.A.P.), composés organiques volatils, métaux et particules, gaz d’échappement diesel ou  matériaux de construction (dont l’amiante)...

Dans une usine en feu peuvent se former des cocktails chimiques redoutables, avec des effets de synergie. Ils pénètrent dans l’organisme par la voie respiratoire, mais aussi par la voie digestive et par la peau.

A cela s’ajoutent d’autres risques tels que le stress thermique, le travail posté ou les rayons ultraviolets.

Un risque amiante sous-estimé

L’utilisation d’équipements de protection en amiante (combinaisons, gants, etc.) appartient au passé. Mais elle continue à tuer 30 ou 40 ans après l’exposition.

Aujourd’hui encore, dans les bâtiments délabrés par le feu, on trouve beaucoup de matériaux contenant de l’amiante (flocages, calorifugeages, plaques, faux plafonds).

Des incendies font exploser des toitures en amiante-ciment de bâtiments agricoles ou industriels, dispersant dans l’air des milliards de fibres cancérogènes, comme cela s’est passé dans l’usine Lubrizol à Rouen en 2019.  Il y a un sur-risque important de mésothéliome bien documenté chez les pompiers.


Soldat du feu : un métier à hauts risques

Il y a en France près de 250 000 sapeurs pompiers :  12 000 militaires et 238 000 civils (dont 193 000 volontaires et 42 000 professionnels).

Les feux de cet été ont montré l’importance de leurs missions pour la protection des populations menacées par des incendies extrêmes et d’autres sinistres liés au dérèglement climatique.

Ils ont  aussi montré la multiplicité des risques :

- risques immédiats de brûlure, asphyxie, écrasement sous les décombres, chute de hauteur...

- risques à effets différés d’agents cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques.

Le CIRC a classé l’activité professionnelle des pompiers  comme cancérogène. Cela aidera les victimes d’un cancer lié au travail et leurs proches à  faire valoir leurs droits.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°69 (octobre 2022)