Le 22 avril 2022, rbb24, une chaîne de télé allemande, a diffusé une enquête sur l’amiante friable dans les écoles berlinoises. La réglementation qui impose des contrôles régulièrs n’est pas respectée dans tous les districts. Une situation qui met en  danger la vie d’élèves, d’enseignants et du personnel chargé de l’entretien de ces écoles.

L’utilisation de l’amiante est interdite en Allemagne depuis 1993.  Mais - trente ans plus tard - plus de 200 écoles publiques de Berlin (une sur trois) contiennent  toujours des matériaux d’amiante « faiblement lié » (c’est-à-dire friable).

Ils devraient faire l’objet de contrôles réguliers, car, au fur et à mesure que le bâtiment vieillit, ils se dégradent en mettant des fibres cancérogènes en suspension dans l’air.

Le personnel et les parents d’élèves n’en sont pas informés.

En mettant cette situation inacceptable sur la place publique, les journalistes d’investigation de la chaine de télé rbb24 ont jeté un pavé dans la mare.

Comme l’avaient fait les journalistes de Libération en France en 2018, ils ont publié la liste des établissements concernés sur le site internet de la chaîne.

Une réglementation ignorée de certains districts

En tant que propriétaire des bâtiments scolaires, les collectivités locales sont tenues de vérifier au moins tous les cinq ans si des fibres d’amiante peuvent pénétrer dans l’air respiré par les occupants ou par les intervenants.

Or dans certains districts, cette obligation légale n’est pas respectée.

Ainsi, dans 16 écoles du district de Spandau, l’état des matériaux contenant de l’amiante n’a pas été vérifié depuis au moins douze ans ; 7 700 élèves et 750 enseignants utilisent ces bâtiments.

Certaines autorités locales se réfugient dans le déni. Ainsi le bureau de district de Reinickendorf a prétendu que toutes les écoles avaient été contrôlées dans les années 1990 et que l’amiante faiblement lié avait été « complètement retiré de tous les bâtiments du quartier ». En février 2010, cependant, cinq écoles de Reinickendorf ont été fermées suite à la découverte de matériaux amiantés.

L’inquiétude des enseignants et des parents d’élèves

Karin Stolle, directrice de l’école de Jungfernheide à Berlin-Spandau croyait qu’il n’y avait plus d’amiante dans son établissement, après des travaux de rénovation qui avaient permis d’enlever des dalles de sol et des plaques de faux plafonds amiantées. C’est par rbb24 qu’elle a appris la présence d’autres matériaux contenant de l’amiante faiblement lié. Ce fut un choc.

« En tant que représentants des parents d’élèves, nous sommes bien sûr inquiets si les autorités ne remplissent pas leurs devoirs », a déclaré Norman Heise, le président du comité des parents de l’État. Il exige davantage de transparence de la part des autorités, car les parents et les enseignants ignorent trop souvent s’il y a de l’amiante dans une école et à quel endroit.

Une relance du débat sur l’éradication

Suite à l’enquête de rbb24 le débat politique sur l’éradication totale de l’amiante a rebondi.

Rappelons que dès 2016, le gouvernement rouge-vert de l’époque s’était fixé pour objectif  de faire de Berlin une ville sans amiante en 2030.

Il avait annoncé la création d’un registre faisant l’inventaire de tous les sites amiantés du parc immobilier berlinois.

Rien de cela n’a été fait.

Interviewé par rbb24, Andreas Otto, porte-parole des Verts à la Chambre des représentants de Berlin, a jugé ces résultats décevants. « Quand il y a 20 élèves dans une salle de classe, le rôle des pouvoirs publics est de garantir qu’ils ne soient pas empoisonnés », a-t-il expliqué aux journalistes.


Article paru dans le Bulletin de l'Andeva n°68 (juin 2022)