Le chlordécone a été utilisé aux Antilles à partir de 1973 pour lutter contre le charançon du bananier. Interdit en France en 1990 (15 ans après les USA), il a continué à être autorisé dans les bananeraies antillaises par dérogation ministérielle jusqu’en 1993. L’utilisation massive de ce pesticide a provoqué d’immenses dégats humains et environnementaux.
Un tiers des surfaces agricoles des Antilles et près de la moitié des ressources en eau douce et du littoral marin sont pollués par le chlordécone.
Cette pollution s’étend aux eaux destinées à la consommation humaine ainsi qu’à des denrées alimentaires locales, végétales et animales, terrestres et aquatiques.
Santé publique France estime qu’en Martinique et en Guadeloupe 90% de la population adulte est contaminée. Le chlordécone a pesé lourd dans la colère sociale qui a secoué récemment les Antilles.
La population antillaise a un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés du monde. Mais le lien entre l’exposition au chlordécone et cette pathologie était contesté.
« L’état des connaissances scientifiques permet de constater la présence de chlordécone dans le corps humain. Mais il ne permet pas de certifier que cette présence a un effet sur la santé humaine », avait dit Emmanuel Macron lors d’un déplacement en Martinique en 2018.
Avant la création du tableau 61, le cancer de la prostate ne pouvait être pris en charge qu’après avis d’un comité régional de reconnaissance en maladie professionnelle (CRRMP), Pendant des années, le nombre de reconnaissances a été dérisoire : 3 cas reconnus entre 2011 et 2018 !
Ces dernières années, la situation avait commencé à changer, après la publication de plusieurs études confirmant le lien entre l’exposition à des pesticides et la survenue d’un cancer de la prostate.
Cela dit, au-delà de la réparation financière des victimes professionnelles, celle des victimes environnementales, très nombreuses aux Antilles, reste non résolue à ce jour.
Reste aussi le problème majeur de la sanction pénale des responsables de cette catastrophe sanitaire qui risquent de ne jamais être jugés, l’action étant jugée prescrite.
Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°67 (janvier 2022)