Le syndicat Sud-Rail dénonce une crise sanitaire et une crise de confiance vis-à-vis de la direction.

Au lendemain de l’interdiction de l’amiante en 1997, la direction de la SNCF avait annoncé que les pièces contenant de l’amiante seraient remplacées.

Crapaudines et glissoirs amiantés

21 ans plus tard, des cheminots de l’atelier wagons de Nîmes-Courbessac dans le Gard découvrent une « fourrure de crapaudine » (pièce de friction) bourrée d’amiante sur un wagon à bogies en juillet 2018, puis une autre en septembre et une autre encore en octobre.

Dans les ateliers, la maintenance des wagons implique un contrôle et si nécessaire un remplacement des pièces d’usure. Le démontage de ces pièces réputées « sans amiante » se faisait jusqu’alors au marteau et au burin et se terminait par un nettoyage à la soufflette d’air comprimé ou à l’aspirateur ordinaire soulevant des nuages de poussières...

Le 16 octobre 2018, la direction du matériel SNCF alerte les technicentres : elle envoie des photos des pièces amiantées et demande que leur retrait soit fait désormais avec masques et combinaisons.

Les agents de plusieurs sites repèrent alors d’autres pièces amiantées : quatre glissoirs au technicentre Languedoc-Roussillon, deux autres dans celui des Hauts-de-France en décembre, quatre dans celui d’Ambérieu-en-Bugey dans l’Ain en janvier 2019 (deux dans l’atelier, un dans la benne à ferraille et un neuf dans une armoire !)

Un danger identifié depuis 30 ans

Le comité social et économique (CSE) de la région Auvergne-Rhône-Alpes dont dépend Ambérieu dépose un droit d’alerte pour danger grave et imminent et convoque une réunion exceptionnelle.

Le 11 février, deux inspecteurs du travail de Lyon se rendent sur le site. Tirant le bilan de leur visite dans un courrier, ils notent que « la présence de pièces ou composants contenant de l’amiante sur les wagons de fret est identifiée depuis plus de trente ans ».

Pas de suivi systématique des retraits

La direction aurait « dû réagir plus promptement (...) L’entreprise n’a manifestement mis en œuvre aucun suivi effectif du retrait systématique des composants amiantés » depuis l’interdiction de l’amiante.

Rendue le 28 juin dernier, une expertise du cabinet Ergonomia réalisée à la demande du CSE sur les sites d’Ambérieu et de Sibelin repère « des failles importantes » dans la gestion des retraits de pièces amiantées.

Des fournisseurs crus sur parole

Jusqu’à ce jour, la direction s’est fiée totalement à des attestations d’absence d’amiante qui ont été délivrées par des fournisseurs de pièces de wagons entre 1980 et 1985, sans jamais vérifier par elle-même. 

Pas d’inventaire des wagons potentiellement amiantés

La SNCF gère 30 500 wagons à bogies.

Elle n’a pas fait d’inventaire précis des wagons susceptibles de comporter des pièces amiantées.

Un inacceptable chantage à l’emploi

à Ambérieu en février dernier, suite au droit de retrait des cheminots et à une injonction de l’inspection du travail, a été décidé l’arrêt de la maintenance des wagons présentant des risques. L’atelier tourne au ralenti depuis. Cette mesure n’a pas été étendue aux autres technicentres.

Dans ce contexte, la venue le 29 juillet à Ambérieu du directeur du Techninat - l’établissement national qui regroupe les 13 ateliers de maintenance - a mis le feu aux poudres. Il a fait pression sur les cheminots pour qu’ils reprennent immédiatement leurs activités, les menaçant de fermer Ambérieu, si la productivité n’était pas suffisante...

Une intervention provocatrice, vécue comme une tentative de division entre les cheminots des différents technicentres, doublée d’un inacceptable chantage à l’emploi que Sud Rail a dénoncé.

Le 30 juillet 2019, le syndicat a déposé un nouveau droit d’alerte pour danger grave et imminent à Ambérieu. Il a demandé à la direction une rencontre immédiate qui a eu lieu le premier août.