AIDER LES VICTIMES ET LEURS FAMILLES

Informer tous les salariés en activité ou ayant quitté la Régie

Les appels et les courriers reçus par l’Association révèlent chez les victimes et leurs familles un besoin d’écoute et de témoignage.
Sentiment d’injustice, colère, envie de demander des comptes : « pourquoi ne nous a-t-on pas informés des risques, pourquoi ne nous a-t-on pas protégés » ?
Au début, les victimes s’étonnent souvent des renseignements que l’association leur demande pour leur dossier. Elles ne soupçonnent pas que le parcours de la reconnaissance en maladie professionnelle soit semé d’autant d’embûches.

Suspectés d’être des « tricheurs »

Comment imaginer - lorsque les traces d’interventions chirurgicales parfois mutilantes témoignent - que les médecins pourraient contester l’existence de leurs souffrances physiques et morales ? C’est pourtant ce que vivent les victimes qui passent devant le collège des trois médecins.
Un agent a fait des analyses pour un traitement par radiothérapie chimiothérapie. On lui écrit : « Selon la réglementation médicale spécifiques à la RATP, ce dossier de frais médicaux engagés par vous même, à l’extérieur, n’apparaît pas, à priori, être remboursable par nos services... ». L’auteur de cette lettre connaît-il seulement la difficulté, voire l’impossibilité de se déplacer pour ceux qui suivent des traitements aussi lourds ?
UNe femme témoigne que son mari, lui aussi en chimiothérapie, a subi un contrôle médical à son domicile. Des cancérologues sont-ils soupçonnés de prescrire de tels médicaments par « complaisance » ?

« Réparations » dérisoires

Un électricien, actuellement retraité, a dû batailler 10 ans jusqu’à la Cour d’appel, pour que son asbestose soit authentifiée. Malgré une restriction de sa capacité respiratoire de 40% constatée par des pneumologues, le taux d’IPP est établi par le Collège des 3 médecins à... 0% !
Beaucoup évoquent ce qu’aucun barème ne prévoit d’indemniser : les angoisses, les douleurs, les bouleversements familiaux, les nuits blanches, les reconversions obligées, les déplacements d’office, les pertes de pouvoir d’achat, l’absence de soutien psychologique, la peur...

Une course d’obstacles

Selon la RATP, sur 64 déclarations de maladies professionelles, 29 sont reconnues, 15 ont été rejetées et 20 sont en cours d’examen. 15 décès sont enregistrés dont 8 imputables directement à l’amiante.
La lenteur et l’accumulation des contestations retardent les dossiers.
Un retraité est resté un an sans réponse de la RATP à un courrier sur papier libre signalant qu’il avait travaillé l’amiante dans les années 60 et qu’il venait de subir l’ablation chirugicale d’un lobe pulmonaire à la suite d’un cancer. Il a dû réitérer cette année sa déclaration, qui cette fois ci a été enregistrée par la RATP.

Les objectifs immédiats de l’Association

Obtenir pour tous les salariés ayant quitté la Régie, notamment les retraités, l’information sur leurs expositions passées et leur droit à un suivi médical post-professionnel.
Informer les salariés en activité de la prolongation du risque « amiante » du fait de la décision de la RATP de ne pas l’éliminer totalement.
Etablir un questionnaire type pour améliorer les informations utiles à la constitution des dossiers.
Recueillir des témoignages sur les conditions de travail à toutes les époques, en particulier dans les secteurs non réputés à risque.
Mieux répartir le travail pour mieux gérer les dossiers.
Renforcer l’Association qui compte une trentaine d’adhérents.

Jean Marc NIBERT
ADEVA RATP


ERADIQUER L’AMIANTE

Sous la pression du personnel, la direction RATP avait promis un recensement et une éradication « rapide ».
Elle a reculé, en conservant l’amiante dans beaucoup d’endroits où son élimination serait techniquement possible.
Sur les métros, des organes contenant de l’amiante resteront en place jusqu’à leur réforme définitive (pour certains dans plus de 20 ans...). Dans les bâtiments, l’amiante fait l’objet d’une recherche mais pas d’une neutralisation systématique. Le risque amiante demeure alors qu’il pourrait être éliminé.
Une surveillance médicale sur plusieurs décennies, y compris pour les nouveaux embauchés, restera necéssaire.
L’usage contrôlé de ce poison mortel est un leurre. Il faut l’éradiquer.


METIERS « A RISQUES » ?

Après avoir travaillé pendant 20 ans comme chef de station, une salariée est atteinte d’asbestose.
La contamination des tunnels du métro avait été dénoncée dès les 70 (avant le déflocage de nombreuses infrastructures et d’installations de ventilation qui brassaient également l’air des tunnels et des stations].
La RATP contestera sans doute cette exposition. Elle n’est pourtant pas isolée. Plusieurs victimes, atteintes d’asbestose, ou de pathologies tumorales au niveau de l’appareil respiratoire, occupaient des postes de travail qui n’étaient pas jugés « à risques » par la Régie. L’exposition à l’amiante y était pourtant bien réelle.


POUR UNE SIMPLE PLACE...

Il a fallu plusieurs interventions de Délégués s’appuyant sur une demande de la demande de la Médecine du travail, et une saisie de l’Inspection du travail par un CHSCT pour obliger un chef local d’établissement à accorder une place de stationnement, parmi celles disponibles dans l’enceinte de l’atelier, à un salarié victime de l’amiante ayant des difficultés à se déplacer, pour utiliser son véhicule !



Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°4 (juillet 1998)