FACE A L’AMIANTE EN PLACE, DE REELLES MESURES DE PREVENTION


L’amiante est interdit. Mais des millions de tonnes de ce matériau cancérogène resteront encore en place pendant des années, disséminés dans les immeubles industriels et commerciaux, les locaux scolaires, les lieux d’habitation, les équipements les plus divers. Cette présence constitue un risque majeur pour les travailleurs du bâtiment et de la maintenance et entraîne des risques pour les occupants du bâtiment.


La prévention du risque amiante pose des problèmes complexes. Sans détailler ses aspects techniques, rappelons ici quelques propositions.

Améliorer la législation actuelle

En 1966, la législation a imposé le recensement des flocages et calorifugeages, l’obligation dans certains cas d’effectuer des travaux d’assainissement (confinement ou enlèvement d’amiante), des mesures réglementaires strictes pour ces travaux, une réglementation générale de protection de tous les travailleurs exposés (« secteur III » du décret 96-98). Mais ces mesures doivent être complétées et, de plus, leur mise en oeuvre est pour le moment insuffisante.

Instaurer des plans de gestion pour tous les bâtiments contenant de l’amiante

-  Repérage complet de l’amiante .
L’inventaire des flocages, calorifugeages et faux plafonds ne suffit pas. Il doit inclure les matériaux semi-tours (pical, progypsol, etc) qui se délitent facilement et des matériaux durs comme le fibrociment qui peuvent libérer beaucoup de fibres lors de travaux.
-  Amélioration des diagnostics
Toute évaluation doit prendre en compte l’activité humaine, en particulier la présence d’enfants. La valeur limite doit être abaissée à 5 fibres par litre (40 fois la valeur moyenne dans l’air de Paris). Si elle est dépassée, le propriétaire devra faire des travaux.
-  Information écrite des occupants
Sur la présence d’amiante, les risques et les précautions à prendre.

Garantir la sécurité des chantiers de désamiantage

- Accréditation des entreprises de désamiantage par des organismes indépendants des entreprises du bâtiment, validée par des contrôles de chantiers impromptus sous la responsabilité des pouvoirs publics.
- Formation spécifique approfondie pour le personnel de ces chantiers à haut risque. C’est aux pouvoirs publics et non aux industriels du bâtiment que doit en incomber la responsabilité.
- Le retrait de matériaux durs tels que le fibrociment doit être codifié.

Informer et protéger tous les intervenants

Chaque jour des salariés travaillent au contact de l’amiante, sans même connaitre le risque. Ces interventions souvent confiées à des PME sous-traitantes doivent être strictement réglementées :

- Procédures écrites pour la maintenance et le nettoyage courant précisant les procédés de travail, les protections individuelles, le matériel (ex : aspirateurs à filtres absolus).
- Avant tout chantier de rénovation, obligation d’un repérage exhaustif de l’amiante par le propriétaire.
- Formation spécifique amiante pour les ouvriers du bâtiment ; publication d’un guide de la réglementation amiante.

Renforcer les contrôles

Les CRAM et l’inspection du travail doivent avoir des moyens accrus.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°4 (juillet 1998)