Il y a juste trois ans, les organisations qui allaient donner naissance à l’ANDEVA dénonçaient le scandale de l’amiante. Elles démontraient l’incurie de la veille sanitaire et de la prévention des risques professionnels face à la détermination des industriels à imposer l’usage d’un matériau reconnu depuis très longtemps comme cancérogène.

Trois ans plus tard, s’il y a eu des avancées dans le domaine de la prévention, avec notamment l’interdiction de l’amiante, il faut bien admettre que dans celui de la réparation, rien n’a bougé. Nous devrons dénoncer avec autant de détermination ce second scandale de l’amiante.

Aujourd’hui, moins de 10% des victimes, après une longue bataille médico-légale et judiciaire, perçoivent une indemnisation. Et encore celle-ci est-elle loin de couvrir l’ensemble des préjudices graves subis par les victimes, sauf pour celles qui remporteront l’incertaine bataille de la faute inexcusable de leur employeur. Cette situation est injuste et inadmissible à plus d’un titre.

Nous ne pouvons accepter plus longtemps que le système d’indemnisation des maladies professionnelles, dont relève la majorité des victimes de l’amiante, ne marche pas. Ce dysfonctionnement est de notoriété publique et nous attendons du gouvernement, qui dispose de plusieurs rapports officiels lui décrivant la situation, qu’il réforme enfin la réparation des maladies professionnelles, non seulement pour les victimes de l’amiante, mais pour toutes les victimes du travail.

Nous attendons également que soit réglé le cas des fonctionnaires et des salariés relevant des régimes spéciaux de sécurité sociale, dont l’indemnisation des maladies professionnelles est encore plus défavorable que celle du régime général.

Ensuite, nous ne pouvons pas davantage admettre que les victimes de l’amiante, contaminées dans un cadre professionnel, ne bénéficient que d’une réparation partielle des préjudices qu’elles subissent. Surtout quand ceux-ci sont aussi graves.

Les industriels à l’origine de la contamination par l’amiante connaissaient les risques mortels liés à l’utilisation de ce matériau. Ils ont déployé une véritable stratégie pour en masquer les dangers. Toutes les victimes de l’amiante doivent bénéficier d’une indemnisation intégrale de tous leurs préjudices au titre de cette faute inexcusable des industriels de l’amiante.

Enfin, il est inconcevable que les victimes contaminées dans un cadre extra-professionnel ne bénéficient d’aucune indemnisation et doivent recourir à des procédures judiciaires à l’issue incertaine. Rien ne justifie des différences de traitement entre les victimes de l’amiante.

L’ANDEVA demande au gouvernement la satisfaction de ces revendications légitimes dans le cadre d’une loi d’indemnisation des victimes de l’amiante. La balle est maintenant dans le camp de Mme Aubry et de Monsieur Kouchner. Les victimes de ce scandale sanitaire méritent le même égard de la nation que celles du sida. Nous devons être entendus.

Le président
François DESRIAUX


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°4 (juillet 1998)