Deux manifestations importantes viennent d’avoir lieu dans la ville de São Paulo.

Au cours de l’été, suite à l’annonce de la directive européenne d’interdiction de l’amiante, la firme Saint-Gobain a annoncé son intention de se retirer du marché de l’amiante au Brésil à l’horizon 2005 (date limite de transposition de la directive européenne dans les législations nationales en Europe). L’autre firme internationale européenne présente au Brésil, Eternit, a fait - avec retard - la même déclaration publique.

Cet effet d’annonce ne doit pas faire disparaître la responsabilité des firmes européennes dans le développement du marché de l’amiante au Brésil et sur l’ensemble du sous-continent latino-américain.

C’est pourquoi les syndicats et l’Association Brésilienne des Exposés à l’Amiante (ABREA) ont manifesté à deux reprises à Saõ Paulo en décembre.

Devant le siège de Saint-Gobain

La première manifestation a eu lieu devant le siège de Saint-Gobain. Il s’agissait de porter à la connaissance de la firme l’attente des personnes exposées et anciennement exposées à l’amiante : indemnisation des victimes dans le cadre de la justice mais aussi de revendications des salariés des usines et mines d’amiante par rapport aux menaces sur l’emploi.

Les firmes ont une responsabilité très importante dans la perte de moyens de survie des salariés brésiliens qu’elles licencient après avoir fondé leur fortune sur le travail de ces derniers.

Devant le consulat du Canada

La seconde manifestation concerne le soutien apporté par le Brésil au Canada dans son action contre la France auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) : l’interdiction de l’amiante comme entrave à la liberté du commerce. L’ABREA et les syndicats brésiliens ont manifesté devant le consulat du Canada à Saõ Paulo pour protester contre cette plainte et exiger le retrait du soutien du Brésil au gouvernement canadien dans celle-ci.

L’enjeu de ces actions, largement médiatisées au Brésil, est de faire progresser les mouvements sociaux en faveur de l’interdiction de l’amiante au Brésil et dans l’ensemble des pays (latino-américains, africains, asiatiques) dans lesquels les firmes multinationales continuent à produire et commercialiser l’amiante, prolongeant ainsi pour des décennies la terrible épidémie mondiale de maladies liées à cette fibre qui tue.

En septembre 2000, à l’initiative de l’ABREA, de Ban Asbestos et du secrétariat international pour le bannissement de l’amiante (IBAS), une conférence internationale sera organisée à Osasco, en périphérie de Saõ Paulo, pour rassembler et coordonner les actions et initiatives des différents continents pour l’interdiction mondiale de l’amiante.

Nous vous en reparlerons.

Fernanda Giannasi
(ABREA, Ban Asbestos),
Laurie Kazan-Allen
(IBAS),
Annie Thébaud-Mony
(Ban Asbestos)

Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°6 (février 2000)