- Quelle est sa fiabilité réelle ?
- Quelle légitimité lui accorder pour refuser une reconnaissance en maladie professionnelle ?

Certains prélèvements biopsiques réalisés chez des malades atteints de tumeurs de la plèvre prêtent à discussion : les médecins anatomopathologistes ne peuvent conclure clairement ou hésitent entre un cancer primitif et une tumeur secondaire à un autre cancer (métastase).

Les lames des biopsies sont alors envoyées au CHU de Caen pour relecture collective par un groupe de spécialistes (nommé Méso-Path). Le recours à ce groupe est de plus en plus fréquent.

La rédaction de certains comptes-rendus anatomopathologiques des biopsies pleurales qui sont communiquées aux experts incitent certaines caisses, certains médecins experts, à utiliser ces conclusions dans un sens systématiquement défavorable aux victimes.

Ils s’appuient sur ce seul argument pour refuser la reconnaissance en maladie professionnelle de salariés très exposés à l’amiante.

Dans les cas d’interprétation difficile, malgré l’utilisation de technique sophistiquées, il persiste des cas d’interprétation difficile et les discordances de jugement ne sont pas rares, même entre experts anatomopathologistes très chevronnés.

Ces techniques d’identification ne sont pas fiables à 100%.

Il faut de plus souligner que l’étude des prélèvements pleuraux est généralement effectuée par les anatomopathologistes sans connaître les renseignements cliniques (qu’ils réclament habituellement avec insistance) et sans être informés d’une éventuelle exposition à l’amiante.

Nous souhaitons intervenir le plus rapidement possible auprès des experts du groupe Méso-Path et auprès des caisses et leur rappeler que le diagnostic de mésothéliome doit reposer sur deux éléments essentiels : d’une part les signes cliniques, radiologiques et le déroulement de la maladie, d’autre part la notion d’exposition à l’amiante.

Nous devons en effet leur souligner qu’il n’est pas admissible que, seule, soit retenue en dernier ressort une technique à la fiabilité incertaine.

Lorsqu’il était responsable de la mission amiante, le Professeur GOT, lui-même anatomopathologiste, avait d’ailleurs conclu que le résultat de la biopsie (ou l’absence de biopsie) ne devait pas être une cause de refus de reconnaissance en cas de cancer de la plèvre observé chez un sujet exposé à l’amiante.

Nous demandons donc à tous ceux qui ont connaissance de dossiers de cancers de la plèvre dont le refus est basé sur le compte-rendu anatomopathologique de nous les signaler à l’ANDEVA.

Les photocopies de ces comptes-rendus, une description de l’histoire clinique et des renseignements sur l’exposition nous sont indispensables pour contrer l’importance excessive accordée aux données anatomopathologiques.

Jacques Brugère


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°6 (février 2000)