L’histoire de Monique Nowak avec l’amiante débute en 1967, à Montataire (Oise) : elle travaille au service facturation d’Usinor ; son bureau est sur une mezzanine surplombant l’atelier de galvanisation où trois longs fours de 50 mètres de long, calorifugés à l’amiante sont destinés aux bains de zinc du
métal.

Les ouvriers qui travaillent dans l’atelier sont les premiers exposés. Mais, travaillant dans un bureau à proximité de l’atelier, elle l’est aussi.

Longtemps après, elle est atteinte d’un mésothéliome, reconnu en maladie professionnelle. Elle ira devant le FIVA pour obtenir une indemnisation complémentaire.

Suivre son propre dossier ne lui suffit pas. Monique, qui vit
aujourd’hui à Toulon, a décidé d’aider les autres victimes "Je trouve injuste de voir des personnes lésées, malheureuses. J’essaie de prendre leur dossier à bras le corps", explique-t-elle.

Il n’y a pas encore d’ADEVA locale à Toulon, mais Monique tient une permanence téléphonique chez elle tous les jeudis. Elle envoie des informations sur l’amiante aux professionnels de santé et du travail, à la Sécurité sociale, aux médecins, à
l’inspection du travail, à la presse...

En juin dernier, un article de Var Matin provoque une avalanche
de coups de fils : des victimes lui demandent comment monter leur dossier. Ils ont travaillé soit à l’arsenal soit dans les chantiers navals de Toulon. Beaucoup sont atteints d’asbestose ou de plaques pleurales ; quelques-uns ont un mésothéliome.

"La Sécu rejette parfois des dossiers évidents, explique Monique, Dans ces cas-là, quand la CPAM de Toulon fait la mauvaise tête, j’interviens auprès de la CNAM."

Autre sujet d’inquiétude : le nombre de lieux publics ou d’entreprises qui sont toujours amiantés. "Je connais un ouvrier qui travaille dans un ancien atelier de mécanique des chantiers de la Seyne qui n’a pas été défloqué. Les employés y
sont donc toujours en contact avec l’amiante, mais comme le
coût de la mise en conformité est estimé à 28 millions de francs, bien entendu l’employeur renacle."

Puis Monique cite le cas d’un ouvrier qui demande sa retraite anticipée et qui travaille pour De Rovere, un chantier de réparation navale. " De Rovere figure dans la "liste des empoisonneurs", lance Monique avec son franc-parler. C’est comme cela que j’appelle les entreprises qui ont contaminé leurs employés."

Certaines entreprises s’en sortent bien : l’entreprise de peinture Covini qui figure dans la "liste des empoisonneurs" a aussi obtenu l’agrément ministériel qui lui permet de désamianter des sites contaminés. "Je trouve ça assez gonflé", réagit Monique.

A ce jour, 70 victimes de l’amiante ont adhéré à l’Andeva. C’est pour elle et pour toutes les autres victimes contaminées dans le premier port militaire français, qu’elle se bat.



Article paru dans le bulletin de l’Andeva N°9
(janvier 2002)