Condé-sur-Noireau a la triste particularité d’avoir accueilli, dès les années 1890, les premières entreprises de transformation de l’amiante et d’avoir continué à les accueillir tout au long du XXe siècle.

L’Aldeva compte aujourd’hui environ 400 adhérents dont 169 ont adhéré au cours de l’année 2001.

Elle travaille en liaison étroite avec la FNATH. Elle couvre les départements de l’Orne et du Calvados.

Plusieurs centaines d’actions en justice

« Pour les actions en faute inexcusable de l’employeur, la décision du Tass est pratiquement toujours favorable", explique François Martin, président de l’Aldeva.

Ainsi, le 23 novembre le TASS de Caen jugeait les dossiers de 12 victimes de l’amiante (dont 4 décédées)atteintes d’asbestose, de plaques pleurales, de cancer broncho-pulmonaire et de mésothéliome : 12 anciens salariés d’Unimétal, la plus grosse entreprise sidérurgique du département, qui a fermé il y a dix ans. « Le Tass a reconnu la faute inexcusable et a majoré la rente de conjoint survivant au maximum, commente François Martin. En revanche, il n’a accordé que 150.000 F aux veuves au titre du préjudice moral et 70.000 F aux enfants. »

La mobilisation des victimes est aussi impressionnante que le nombre de dossiers. A chaque procès, environ 150 adhérents se déplacent pour soutenir les plaignants. Leur présence est un soutien pour les victimes. Elle est déterminante pour que les juges mesurent l’étendue des dégâts.

Attention produit dangereux !

Chez Ferlam Techno on tisse des produits de substitution à l’amiante. Sur les sacs qui sortent de l’entreprise, on trouve une tête de mort et l’inscription «  Attention ! produit cancérigène » .

L’Aldeva estime que le danger n’est pas correctement pris en compte par les employeurs ni même par la Direction départementale du travail de l’Orne. « La protection des salariés est insuffisante. Mais ils sont pris entre deux feux car l’entreprise ne va pas bien et il y a une vraie pression de l’employeur sur le personnel. Dans ce contexte, il peut y avoir un certain fatalisme face à la maladie. »

 


La "vallée de la mort"

Il y a un siècle, dans la filature de Condé-sur-Noireau, l’inspecteur du travail de Caen, Denis Auribault, rédigeait le premier rapport paru en France sur les maladies causées par l’amiante. Publié en 1906, il fait état de 50 décès imputés à l’amiante, en cinq ans, dans une filature qui avait fonctionné pendant 15 ans.

Cette vallée de la Veyre, on la surnommait là-bas la vallée de la mort !

Qui peut dire - un siècle après - que les employeurs ne connaissaient pas les dangers de l’amiante ?


Article paru dans le bulletin de l’Andeva N°9 (janvier 2002)