Marine marchande ou nationale, réparation navale, arsenal, pêche : la liste des victimes s’allonge. L’ADDEVA du Finistère gère avec elles les dossiers de maladie professionnelle ou de faute inexcusable .

« Le plus gros travail de l’ADDEVA ce sont les permanences, explique Etienne Le Guilcher, le président de l’association. Organisées tous les lundis, elles voient passer entre 15 et 30 personnes à chaque fois. C’est aussi les procès. » 

Aujourd’hui le Finistère fait figure de département très touché par l’amiante.
Les secteurs de la pêche, de la marine marchande ou nationale, des réparations navales, de l’arsenal, très développés dans ce département maritime, ont été de grands utilisateurs d’amiante.

Sur les bateaux, les chaudières, les moteurs, les collecteurs d’incendie ainsi que tout ce qui concernait la sécurité à bord étaient recouverts de matelas d’amiante.

Un décret jamais appliqué

Il y avait des postes à risque, mais aussi des situations à risque, comme les moments d’entretien, de démontage ou de grand carénage où tout le personnel présent à bord était exposé à l’amiante (donc pas seulement les mécaniciens et les ajusteurs, mais aussi le bosco, l’infirmier, les marins).

Pourtant, dès 1976, le directeur de l’arsenal avait signé un décret rendant obligatoire l’utilisation de protections en cas de contact avec l’amiante (gants, masque, ventilation nécessaire).

Le décret n’a jamais été appliqué, ni même affiché. L’ADDEVA en a eu connaissance il y a seulement deux ans, en 1999.

L’ampleur du désastre humain

Aujourd’hui, on ne peut mesurer quelle sera l’ampleur du désastre humain dans le Finistère.

Les autorités maritimes sentent à quel point la marine est touchée par la question, et ont plutôt bien reçu, en avril dernier à la préfecture maritime, une délégation de l’ADDEVA qui souhaitait saisir le ministre de la Défense.

Mais, à l’ADDEVA , les inquiétudes sont vives. Il y a toujours de l’amiante sur certains bateaux et sur les sous-marins, car, à certains endroits, aucun matériau de substitution n’a été trouvé pour remplacer le minerai mortel. Et l’ADDEVA de rapporter un chiffre avancé par la sécurité sociale : en 2001, sur 600 dossiers de maladies professionnelles reconnues par la Sécurité sociale à Brest, 300
concernaient des maladies dues à l’amiante. Pour la même année, mille dossiers ont été déposés à la Sécurité sociale en vue d’une reconnaissance de maladie professionnelle liée à l’amiante.

 


"L’Homme d’Amiante"

Sur les porte-avions, témoigne Etienne Le Guilcher, « il y avait celui qu’on appelait l’homme d’amiante. C’était le gars chargé d’aller récupérer le pilote au cas où son avion se scrachait lors d’un appontage sur le porte-avion.
Il restait toute la journée dans ses vêtements d’amiante fabriqués par l’arsenal : cagoule, chaussures, combinaison, gants, tout était en
amiante ! »

« L’Homme d’Amiante » est aujourd’hui décédé.


Article paru dans le bulletin de l’Andeva N°9 (janvier 2002)