Trois ans après la conférence de consensus, l’organisation nationale du suivi médical amiante est au point mort. Aucun problème n’est réglé.

Le 11 juillet 2001 a eu lieu une réunion organisée par le ministère. Elle rassemblait des représentants des ministères (DGS, DRT), des associations, des organisations syndicales, du patronat, des responsables de la mise en oeuvre du suivi médical dans des « sites pilotes ».

Après trois ans de tergiversations, on attendait un coup d’envoi. On a eu un coup de frein.

Trois sites pilotes au lieu de cinq

M Combrexelle, Directeur des Relations du Travail, a annoncé que seuls trois sites pilotes étaient retenus : la Normandie (haute et basse), l’Aquitaine et Rhône-Alpes (qui n’était pas candidat).

Les questions de financements ne sont pas réglées : les responsables semblent préoccupés par le coût des examens radiologiques. Or la réalisation de l’expérimentation va bien au-delà : information, accueil des personnes, restitution des résultats, suivi en cas d’images à surveiller, analyse, évaluation...

Il faut obtenir l’argent nécessaire pour bien assumer ces missions.

Le problème de l’irradiation

La généralisation des examens tomodensitométriques (scanners) pose question à la Direction Générale de la Santé, qui alerte sur le risque de faire subir une irradiation importante à une population déjà à risque.

Les associations de victimes se sont toujours prononcées pour des examens les plus fidèles et les moins irradiants possibles. Sans nier ce problème, on peut se demander pourquoi avoir attendu trois ans pour le poser ?

La solution n’est pas de bloquer le suivi amiante, c’est de donner des garanties sur sa réalisation : l’évolution des techniques permet d’avoir accès à des examens peu irradiants et très performants (scanners multicoupes). Le renouvellement des équipements prendra quelques années ; d’où l’importance d’avoir des "centres de référence", un protocole précisant les modalités techniques des examens., et évitant leur multiplication inutile. 

La qualité de l’information donnée aux personnes concernées est aussi une garantie : quel type d’exposition ont-elles subi ? Quel est l’intérêt du scanner ? Ses dangers ? ses limites ? A chacun de décider ensuite s’il passe ou non ces examens.

Scanner à 50 ans : une nécessité

La surveillance des travailleurs en activité incombe au médecin du travail. Elle n’est prévue sur aucun site pilote. Pour la majorité des salariés qui ne travaillent plus là où ils ont été exposés, aucun financement n’est prévu.

Or l’accès à la cessation anticipée d’activité vient d’être ouvert aux victimes relevant du tableau 30 B (lésions pleurales bénignes : plaques et épaississements). Le scanner à 50 ans va être plus que jamais d’actualité. Il faudra bien trouver les moyens d’avancer.

Devant tant d’inertie, la détermination des associations est indispensables pour empêcher l’enlisement définitif.


Article paru dans le bulletin de l’ANDEVA N°9 (janvier 2002)