« On ne vient pas seulement à la permanence pour un dossier, mais aussi pour trouver un soutien moral et de la chaleur humaine  »

Gisèle

« Mon mari travaillait dans une papeterie. Je me suis démenée pour que sa maladie soit reconnue. A sa mort, j’ai engagé une action en faute inexcusable de l’employeur avec maître Teissonnière. Nous avons gagné ».

L’un de ses fils travaille à la poudrerie. Lui aussi a été contaminé par l’amiante : il a des plaques pleurales.

« J’ai pensé qu’il fallait se mettre à plusieurs pour avoir plus de force », explique-t-elle. « Nous avons décidé de contacter l’Andeva et de créer une Association ».

Ainsi est né le CERADER à Bergerac.

Henri

Il vit à la Courneuve. 72 ans. Increvable : « Je me suis battu pendant 15 ans contre Alstom pour faire reconnaître ma maladie professionnelle : en appel et même en cassation »

Il passe presque tous les jours au local de l’ADDEVA 93, à la Bourse du Travail.

L’association a grossi comme un champignon.

« On ne vient pas seulement nous voir pour un dossier ; mais aussi pour trouver un soutien moral et de la chaleur humaine. On retrouve l’envie de se battre pour venger une maladie ou un décès évitables. C’est un endroit convivial. On partage les peines, mais aussi, bien souvent, les rires... »

Maurice

A Martigues, l’idée de l’association est née chez les retraités.

« Dans la chimie, il y a des maladies causées par l’amiante mais aussi par d’autres toxiques industriels. Nous avons fait une information sur les maladies professionnelles. Puis nous avons créé l’ADEVIMAP. A Martigues existe une coopération entre syndicats et mutuelles ».

Raymond

« A la Mairie de Montpellier nous avons travaillé. Notre histoire nous allons vous la compter.. ».

Ainsi commence le journal des amiantés que publient Raymond et ses collègues : ils dénoncent l’absence d’information et de protection des salariés qui travaillaient dans des locaux floqués.

Ils contactent l’Andeva.

Créer l’association, engager des actions judiciaires, revendiquer les mêmes droits pour les territoriaux que ceux du régime général. Il y a du pain sur la planche ...

Michel

« J’ai travaillé 33 ans dans divers chantiers navals. Plus de 1700 maladies professionnelles depuis 1970 dans ceux de St-Nazaire... »

En cessation anticipée d’activité, il consacre presque tout son temps à l’ADDEVA 44.

En Loire Atlantique, les victimes de l’amiante sont plus qu’une association : un véritable mouvement social.

« Nous avons 1783 adhérents épaulés par 45 bénévoles, des permanences à St-Nazaire, mais aussi à Trignac, la Chapelle-des-Marais, St-Herblain, au Croisic. En novembre nous avons rassemblé 800 personnes dans la rue malgré le froid. »

Accueillir une veuve qui vient de perdre son mari, trouver les mots pour réconforter celui qui a les yeux rougis parce qu’il vient d’apprendre qu’il est malade... On sait de quoi il s’agit quand on est soi-même passé par là...

Gustave

Il a vécu l’épopée des Everit de Descartes.

« On fabriquait des plaques et des ardoises en Fibrociment. L’amiante arrivait par wagons qu’on déchargeait à mains nues sans protection. Chaque fois qu’un nouveau arrivait dans l’usine, on commençait par le mettre à ce poste ».

L’usine ferme en 1996. Un essai de reconversion échoue.

Après son licenciement il crèe une amicale, l’AASED, pour garder des liens entre les anciens d’Everite dispersés.

La maladie rattrape ceux qui ont quitté l’usine en bonne santé. L’association rencontre l’Andeva. On se reverra à l’automne.

Alex

Leur T-shirt a le logo de l’association. Alex et ses amis reçoivent les « parisiens » de l’Andeva qui arrivent en voiture.

Ils ont créé l’ADVARM, qui défend les victimes de Renault au Mans.

Annick, dont le mari a été fauché à 49 ans par un mésothéliome, a engagé une action en faute inexcusable. Elle sera au tribunal le 17 septembre.

L’avocat est là. Discussion tous azimuts  : actions en justice, suivi médical, cessation anticipée...

C’est un premier contact. Il y en aura d’autres.

Bernard

Il est métallo chez General Tralers.

Il n’accepte pas que des ouvriers puissent perdre leur santé ou leur vie au travail. Un de ses copains est mort asphyxié au fond d’une cuve. Il n’oublie pas. Il est venu à Vincennes. On a parlé de tout. Une réunion est prévue à Lunéville en septembre pour créer l’association.



Article paru dans le bulletin de l’ANDEVA N°11 (septembre 2003)