« L’amiante est un matériau utile. Irremplaçable dans certains emplois. Il nécessite précautions et discernement. Ni plus ni moins que la plupart des matériaux »

Voilà ce qu’écrivait sans vergogne M. Cyril X. Latty, dans une brochure de l’Association Française de l’Amiante dont il était le président.

« On peut évaluer à quelques dizaines en 50 ans le nombre de victimes de l’amiante. C’est trop. Une seule serait trop. Mais comment expliquer ce déchaînement de passions aveugles et sourdes [contre l’amiante] alors que l’automobile tue chaque année 12.500 Français, le tabac 70.000... ».

« J’étais élu au CHSCT dans les années 1970 », raconte Michel Damas . « La direction nous répétait que les risques étaient « minimes ». Au même moment, en 1971, elle participait à une conférence internationale à Londres, où étaient confirmé les risques de cancers dus à l’amiante. »

On croit rêver devant tant de mauvaise foi. Mais le rêve tourne au cauchemar quand 20 ou 30 ans après on accompagne au cimetière des collègues victimes de ce matériau « naturel » et « irremplaçable ».

Aujourd’hui les responsables plaident non coupables. Leurs avocats expliquent aux juges qu’ils ignoraient le danger. Mais les dangers étaient connus. Les industriels de l’amiante ont combattu ceux qui les évoquaient.

Ils comptaient leurs profits. Aujourd’hui les ouvriers comptent leurs morts.

Qui sont les sourds ? Qui sont les aveugles ?


Article paru dans le bulletin de l’ANDEVA N°11 (septembre 2003)