Le 30 juin, 300 personnes ont participé à l’inauguration d’une stèle en mémoire des victimes de l’amiante : un témoignage pour les générations futures

Cette stèle n’aurait jamais vu le jour sans la ténacité de René Delattre, président du Caper.

Tous les participants ont salué son courage et sa détermination. Malgré sa maladie et sa fatigue, il a tenu à être présent à cette cérémonie à laquelle participent Sylvie Topaloff, et Jean-Paul Teissonnière, les avocats des victimes, François Desriaux, plusieurs maires, et le député.

Les mensonges d’ Eternit

René prononce un discours offensif contre Eternit avec sa voie forte et l’accent chti qu’on lui connaît...

"Le 30 juin est une date importante pour les victimes de l’amiante".

En effet, c’est le 30 juin 1999, que pour la première fois la "faute inexcusable" d’Eternit était reconnue par la cour d’appel de Douai.

"Faute inexcusable d’Eternit" veut dire : "négligence grave d’Eternit pour ne pas avoir su préserver la santé de ses salariés. » Pour ma part je dirais : « négligence volontaire d’Eternit de pas avoir voulu préserver la santé de ses salariés au nom du profit. »

René refait le procès des dirigeants Eternit .

Ils mentent lorsqu’ils prétendent qu’il n’existait aucun texte juridique avant 1977, alors que la loi du 12 juin 1893 stipule : "l’air des ateliers sera renouvelé de façon à rester dans l’état de pureté nécessaire à la santé des ouvriers".

Ils prétendent qu’ils n’avaient pas conscience du danger.

René évoque le rapport de l’inspecteur du travail Auribaut (1906), les études de Dhers (1930), Truhaut (1954), Doll (1956), Wagner (1960), et de Turiaf (1965) qui évoquait devant l’Académie de Médecine "l’obstruction opposée par les industriels et la chambre syndicale de l’amiante dont Eternit était un membre éminent".

Quelles mesures de sécurité ?

En tant que professionnel alerté par ces rapports et les tableaux de maladies professionnelles, "Eternit devait avoir nécessairement conscience des risques auxquels ses salariés étaient exposés".

Ses dirigeants sont "pris en flagrant délit de mensonge" quand ils disent avoir pris dès 1977 " toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité" : en 1996 l’inspection du travail d’Anzin relevait encore des manquements à la sécurité.

La cour d’appel de Dijon a condamné Eternit. La Cour de cassation a confirmé ce jugement le 28 février 2002.

René conclut : "la stèle que nous venons d’inaugurer est là pour rappeler aux générations futures qu’au nom du profit l’ont peut sacrifier des vies humaines".

Rendre justice aux victimes

François Desriaux rappelle que "dès le début du siècle, on savait que l’amiante était dangereux voire mortel. On savait, mais ni les industriels, ni les pouvoirs publics n’ont pris les mesures qui s’imposaient. Les victimes de l’amiante attendent toujours que justice leur soit rendue".

"Depuis sept ans que des plaintes ont été déposées, elles attendent encore que des responsabilités pénales soient établies".

Enfin il porte un message de sympathie et d’encouragement à René, de la part du CA de l’Andeva.

Le maire et le député prennent la parole. Tous les présents sont submergés par l’émotion. Cette stèle n’est pas un monument comme les autres.

C’est un témoignage de la souffrance des victimes. C’est un appel à lutter pour la prévention, la réparation des préjudices, et la sanction des responsables.


Article paru dans le bulletin de l’ANDEVA N°11 (septembre 2003)