Six mois de prison, dont cinq avec sursis, tel est le verdict scandaleux rendu contre Alain Hébert. L’ADEVA Cherbourg a participé aux mobilisations pour sa défense. Raymond Holley, son président, nous explique pourquoi.

Qui est Alain Hébert ?

Alain est secrétaire de l’Union Locale CGT de CHERBOURG. Il fait partie de ces hommes qui donnent sans compter pour aider au développement des luttes sociales. Il a aussi aidé les chômeurs à s’organiser. Il préside aussi le Collectif contre le Racisme et le fascisme...
Il a aidé l’ADEVA CHERBOURG à démarrer, en mettant des locaux de l’UL à sa disposition, pour les réunions et les permanences du samedi.

Que lui reproche-t-on ?

Alain est accusé d’avoir frappé un gendarme maritime lors de la manifestation organisée le 26 juin pour protester contre la cérémonie de fermeture de l’hôpital des armées René Lebas.
Accusation fausse. S’il y a eu violence elle n’est pas du côté des manifestants, mais du côté de ceux qui se sont livrés à cette provocation : fêter la fermeture d’un hôpital utile à la population, alors que les travaux d’agrandissement du Centre Hospitalier Louis Pasteur, ne seront achevés qu’en 2004.

Comment s’est passé le procès ?

Le dossier de l’accusation, était vide : une photo de la Presse de la Manche, qui ne montre et ne prouve rien, deux gendarmes maritimes qui prétendent avoir reconnu Alain le lendemain dans le journal, et le témoignage d’un officier de la Gendarmerie Maritime... qui n’a rien vu.
Alain HEBERT a bien sûr nié catégoriquement les faits incriminés. Son avocate a démonté l’accusation. Il avait dix témoins. Mais pour le tribunal il fallait qu’il soit coupable. Le substitut du procureur a osé les qualifier de "vrai faux témoins". Il les a même rappelés à la barre en fin d’audience leur demandant de déclarer sous serment qu’ils n’étaient pas eux-mêmes les auteurs des coups que le gendarme dit avoir
reçus !
Lors du délibéré du tribunal, près d’un millier de personnes sont venus soutenir Alain. A l’annonce du verdict, beaucoup avaient du mal à contenir leurs larmes et leur colère.

La condamnation est très lourde...

Oui, un mois de prison ferme et cinq mois avec sursis, c’est inacceptable. Pour Alain, salarié de la DCN et âgé de 47 ans, cette condamnation peut entraîner la révocation de son entreprise. C’est à dire la perte de son emploi et de ses droits à pension acquis.

L’ADEVA Cherbourg s’est mobilisée

En tant d’association de victimes, nous avions participé aux
mobilisations contre la fermeture de cet hôpital, où se faisait d’ailleurs le suivi médical des personnes exposées à l’amiante.
Nous refusons des suppressions d’emplois qui dégradent une
économie locale très dépendante de la politique gouvernementale. D’autres sites industriels comme la DCN ou la COGÉMA sont menacés.
Nous n’admettons pas qu’on criminalise l’activité des personnes engagées dans le mouvement social, qu’ils s’appellent Alain Hébert, José Bové ou Ahmed Méguini.
Pour toutes les femmes et les hommes épris de justice, cette
condamnation provoque le dégoût et appelle à refuser l’inacceptable.

Que peut-on faire maintenant ?

L’heure est à la mobilisation. Il n’est pas trop tard. Alain a fait appel du jugement. Un Comité de Soutien s’est mis en place.
Fort aujourd’hui de 2326 signataires parmi lesquelles de nombreuses
personnalités locales du monde associatif, syndical, politique et des élus ; des dirigeants syndicaux comme Bernard Thibaut et José Bové, des dirigeants nationaux de partis comme Marie-Georges Buffet, Alain Krivine et Arlette Laguiller, des responsables d’associations comme
Fodé Sylla, Michel Tubiana, François Desriaux...
Je vous invite donc à rejoindre ce Comité de Soutien et à faire connaître cette injustice autour de vous..


Article paru dans le bulletin de l’ANDEVA N°10 (octobre 2002)