Cette journée organisée par les ministères de la Santé et du Travail, et par l’Institut de veille sanitaire a permis de présenter plusieurs études. Certaines ont suscité des débats.

Marcel GOLDBERG présente le programme national de surveillance du mésothéliome (PNSM). Initié en 1998, il a pour but d’étudier les mésothéliomes et d’améliorer la reconnaissance en maladie professionnelle. Il couvre 21 départements. Sont enregistrés les cas déclarés par les médecins hospitaliers.

Guy LAUNOY évalue le nombre de mésothéliomes pour 1999 : entre 430 et 581 cas pour les hommes et entre 170 et 227 cas pour les femmes. Avec un accroissement annuel de 5% pour les hommes et 7% pour les femmes.

Raoul HARFHenri PÉZERAT et Michel PARIGOT indiquent que ces chiffres sont sous-estimés.

Françoise GALATEAU-SALLÉ fait le point sur le travail des anatomopathologistes de Caen (qui étudient au microscope des tissus prélevés par biopsie). Elle rappelle les difficultés du diagnostic anatomopathologique, et présente des statistiques : le diagnostic de mésothéliome est confirmé dans 67% des cas, exclu dans 13%, et considéré comme incertain dans 17%. Elle ajoute que les progrès de l’ immunohistochimie ouvrent de nouvelles perspectives.

Jacques BRUGÈRE souligne que beaucoup de refus de reconnaissances en maladie professionnelle s’appuient sur un examen anatomopathologique concluant à l’inexistence d’une tumeur pleurale primitive, sans connaissance des données cliniques. Sont ainsi rejetés des mésothéliomes et des adénocarcinomes pulmonaires primitifs, qui devraient être indemnisés.

Mme GALATEAU-SALLÉ dit que des techniques récentes permettent maintenant d’identifier une métastase pleurale d’un cancer broncho-pulmonaire primitif.

Alain BOBBIO estime que le doute doit profiter à la victime.

Patrick BROCHARD présente une enquête sur les expositions professionnelles. En tête des activités à risques : la construction navale, l’industrie de transformation, la chimie, le BTP, la construction ferroviaire, la sidérurgie... En tête des métiers à risques : plombiers, tuyauteurs, soudeurs, tôliers, chaudronniers, manoeuvres, ajusteurs monteurs, ébénistes, métiers de la navale et du BTP.

Jean-Claude PAIRON dit que le nombre de maladies professionnelles reconnues augmente depuis 10 ans, mais le taux de reconnaissance reste bas, avec des disparités régionales. Le taux de reconnaissance est plus élevé dans les départements du PNSM qu’ailleurs.

Yves BUONGIORNO pointe la différence entre grandes entreprises et PME.

Henri PÉZERAT dit que les fibres céramiques ne doivent pas être oubliées. Il évoque les raison de la sous-déclaration (dysfonctionnements des caisses primaires, carences des médecins), et souhaite une étude sociologique sur les causes de ce phénomène.

Jean-Claude PAIRON dit qu’il faut sensibiliser pneumologues et cancérologues et les inciter à déclarer des maladies. Il rappelle que pour le Fiva, si aucune exposition professionnelle n’est retrouvée, le diagnostic d’un mésothéliome vaut preuve d’exposition.

Nathan LIEPCHITZ dit qu’il est important d’informer les médecins traitants.

Ellen IMBERNON présente l’étude « Espaces » menée dans 6 départements : un questionnaire à été envoyé à 6000 retraités. 60% d’entre eux ont répondu. 28% des réponses révélaient une exposition à l’amiante. Un suivi médical post-professionnel leur a été proposé. Ce repérage actif a multiplié par 17 le nombre de maladies prises en charge.

Françoise CONSO présente le programme de suivi post-professionnel par scanner engagé dans quatre régions. Il concernera 6000 personnes. Il permettra d’évaluer les circuits administratifs et médicaux, de vérifier l’impact médical des scanners et le retentissement psychologique éventuel des examens.

Alain BOBBIO évoque le suivi post-professionnel : la loi n’est pas appliquée. Le suivi par scanner a un gros retard. Alain Carré conteste le bien fondé d’une attestation d’exposition signée par l’employeur.

Marc LETOURNEUX présente de nouvelles méthodes de dépistage pour établir un diagnostic précoce.

Raoul HARF et Henri PEZERAT estiment qu’un problème éthique se pose et qu’il faut distinguer ce qui relève de la loi et ce qui relève de l’expérimentation.

C. BUISSON présente l’enquête épidémiologique menée auprès des personnels de Jussieu (10.000 étudiants, 400.000 m2 de surfaces floquées). Elle évoque les difficultés pour reconstituer la cohorte des salariés exposés (enseignants, administratifs, techniciens).

Michel PARIGOT indique que le Comité anti-amiante a recensé cinq cas de mésothéliomes en deux ans à Jussieu : trois enseignants-chercheurs, deux ingénieurs (océanographie, informatique). Aucune étude internationale n’avait jusqu’ici démontré un excès significatif de mésothéliomes chez des personnes ayant simplement occupé des locaux floqués.

D. AMBROISE annonce une étude sur les salariés de 150 entreprises de désamiantage : conditions de travail, application de la réglementation, suivi médical

Patrick BROCHARD présente la base de données d’exposition Evalutil (amiante et fibres céramiques), accessible par internet, ainsi que la matrice emplois / expositions.

Philippe ASTOUL aborde le traitement du mésothéliome, en donnant une grande place à une chirurgie très lourde, associée à la radiothérapie et la chimiothérapie, avec une disparition de l’immunothérapie. Ce qui pose problème (voir p.17).


Article paru dans le bulletin de l’ANDEVA N°12 (janvier 2004)