" Le médecin vous annonce soudainement que vous avez des plaques pleurales, une asbestose ou des nodules... Vous êtes rentré dans le cabinet médical en pensant que vous étiez bien portant et vous en ressortez malade. Il faut pouvoir le digérer !" , s’exclame André Letouzé, trésorier de l’Adeva 76 (Seine-Maritime).

C’est pour cela que l’association a décidé de créer une consultation d’aide psychologique au Havre, il y a trois ans. Le projet a été subventionné par le conseil régional et la Drass (Direction régionale des affaires sanitaires et sociales). Il rentre dans les objectifs du plan régional de santé et du plan cancer du gouvernement.

« J’en ai perdu le sommeil »

" Quand j’ai moi-même passé un scanner dans le cadre du suivi post-exposition, témoigne André, le pneumologue m’a assuré que je m’étais probablement cassé une côte... Deux ans après, le Professeur Paris de la consultation de pathologie professionnelle du CHU de Rouen diagnostiquait des plaques pleurales et des nodules. J’ai eu peur qu’ils ne dégénèrent. J’en ai perdu le sommeil.
Une aide psychologique nous permet de dédramatiser, de retrouver une certaine sérénité. Même si ce n’est pas facile pour ceux qui viennent juste d’apprendre qu’ils sont malades ou celles qui viennent de perdre un mari. "

" Il fallait créer nous-mêmes cette consultation. "

" C’est le Professeur Paris qui nous a suggéré l’idée de créer la consultation psy, remarque André. Les personnes exposées à l’amiante ont, à un moment ou un autre, besoin de parler, mais trouvent peu de psychologues dans le cadre des consultations de pathologie professionnelle, en région. Il fallait créer nous-mêmes cette consultation. "

C’est Catherine Benda-Leroux, psychologue, qui l’organise. " Je reçois une vingtaine de personnes dans l’année, en entretien individuel ", précise-t-elle.

" Les gens ont eu du mal à venir au début, 
convient André Letouzé, mais c’est de mieux en mieux. " Il s’agit, pour la plupart de femmes et de veuves. Elles viennent régulièrement, sont souvent désemparées et ont subi des accompagnements lourds. Quelques hommes consultent, mais ils imaginent moins facilement l’intérêt d’un suivi régulier. Tous, personnes touchées et proches, font appel à la consultation lors de moments cruciaux : montage du dossier d’indemnisation, décès, diagnostic, maladie...

Groupes de parole

" A côté des entretiens, nous avons constitué des groupes de parole qui marchent bien , poursuit la psychologue. Ils sont plus fréquentés que les consultations individuelles. Ils présentent l’avantage de se dérouler au Havre, à Rouen, à Dieppe et bientôt à Fécamp. Les gens se sentent sans doute plus à l’aise qu’en entretien individuel même si, dans les deux cas, il ne s’agit pas d’un travail thérapeutique. Ce sont des lieux de partage pour parler de ses difficultés psychologiques, affectives mais aussi matérielles. "

Pierre Luton


Articles parus dans le bulletin de l’ANDEVA N°12 (janvier 2004)