Le procès de l’amiante devant la justice pénale doit avoir lieu. Il n’est pas possible d’admettre que la plus grande catastrophe sanitaire que notre pays ait jamais connue n’ait ni responsable ni coupable. Il faut rendre justice aux victimes de l’amiante.

Des procédures pénales s’enlisent depuis sept ans ; des procureurs s’abstiennent d’engager des poursuites contre ceux dont les fautes causent des milliers de morts par an ; à Dunkerque, une juge d’instruction décide un non lieu... Ce déni de justice est inacceptable.

L’Assemblée générale de l’Andeva a décidé de relancer le dossier pénal dans l’affaire de l’air contaminé. Une vingtaine de plaintes au pénal avaient été déposées depuis la création de l’Andeva. C’était insuffisant. Les dépôts de plaintes avec constitution de partie civile vont se multiplier dans les mois qui viennent.

Toutes les responsabilités doivent être établies : celles des employeurs peu soucieux de la vie de leurs salariés, celle des industriels qui ont trompé l’opinion publique pour continuer à tirer profit d’un matériau mortel, celles des organismes de veille sanitaire et du corps médical qui ont failli à leur mission, et celles des pouvoir publics qui ont fermé les yeux.

Le second défi à relever pour cette année 2004 concerne l’insuffisance des offres d’indemnisations proposées par le Fiva.

Les montants représentent moins de la moitié de ce que nous avons obtenu en moyenne devant les tribunaux. Nous refusons d’échanger une indemnisation rapide automatique et simplifiée contre une indemnisation au rabais. Nous allons donc tenter d’obtenir devant les Cours d’appel ce que les représentants du gouvernement et des employeurs au conseil d’administration du Fonds ont refusé aux victimes de l’amiante.

Enfin, troisième défi, il s’agit de renouer avec des avancées législatives et réglementaires.

Depuis deux ans en effet, le nouveau gouvernement reste sourd à toutes nos revendications, et cherche même à reprendre ce qui était acquis. Suivi post-professionnel, cessation anticipée d’activité, reconnaissance et réparation des maladies de l’amiante, les sujets ne manquent pas qui mériteraient une politique plus ambitieuse que celle des restrictions budgétaires.

Il faudra se mobiliser pour se faire entendre.

François DESRIAUX



Article paru dans le bulletin de l’Andeva N°12
(janvier 2004)