Après avoir refusé pendant des années, la mairie s’engage enfin à retirer les dalles de sol amiantées dans les écoles primaires et maternelles.


Une représentante des parents est intervenue à
l’assemblée de l’Addeva pour annoncer cette victoire. La ténacité a payé. Voici des extraits de la lettre que Daniel Guenneugues, président de l’Apamag, a envoyée au maire et rendue publique. Elle a fait tilt.


« Il y a deux ans vous nous aviez garanti qu’il ne pouvait pas y avoir de problèmes dus à l’amiante dans les écoles (…) Pourtant, le 23 janvier, des dalles en vinyle-amiante ont été enlevées dans une salle de classe. Certaines ont été découpées à la meuleuse, dispersant des milliers de fibres dans l’air. Le tout a été laissé sur place sans nettoyage. Les enfants étaient présents dans l’école et ont fréquenté la salle de classe les jours qui ont suivi (…)

La santé des enfants en péril

Les employés communaux qui sont intervenus le 23 janvier dans l’école ne savaient pas que les sols contenaient de l’amiante. Ils n’ont eu aucune formation ni information à ce sujet (…) Ils ont mis leur santé en péril et celle de nos enfants, par ignorance ! (…)

Désamiantage : tarifs gonflés

« Le prix du désamiantage au mètre carré est de 40 euros TTC. La pose d’un nouveau revêtement plastifié de qualité est de moins de 40 euros (…) » Ces prix « n’ont rien à voir avec les tarifs que vous annonciez (…) « Vous aviez affirmé que les travaux de désamiantage des écoles coûteraient trois millions d’euros et entraîneraient une augmentation de 3 à 4% des impôts locaux ! De plus le conseil général peut aider au financement (…) D’autres mairies n’attendent pas et désamiantent leurs écoles dans la région (…)

Décidés à porter l’affaire devant les tribunaux

Si ces arguments ne vous ont pas convaincu, nous sommes décidés à porter l’affaire devant les tribunaux. Nous sommes soutenus par l’Addeva 44. Nous avons contacté maître Michel Ledoux, avocat à Paris, spécialisé dans les affaires de l’amiante. Voici son analyse :
- Le décret de 1996 sur le traitement de l’amiante s’applique aux collectivités territoriales.
- Les salariés peuvent déposer une plainte auprès du procureur qui peut ordonner une enquête. Des parents peuvent aussi déposer une plainte et l’association de parents peut se joindre à eux. Motif : mise en danger d’autrui selon l’article 223-1 du code pénal de mars 1994 (…)
Néanmoins il faut espérer qu’il sera inutile d’en arriver là (…) N’est-il pas temps d’agir et de régler ce problème une fois pour toutes ? »

Eviter d’entretenir « la psychose »

Les responsables techniques municipaux nient les faits, malgré les photos prises par les parents. La presse les épingle. Le maire n’a plus d’autre choix que d’enlever ces dalles posées dans les années 70 : « pour éviter d’entretenir la psychose des parents ». Cela prendra trois ans. On commencera par les maternelles.

 


IL A FALLU SEPT ANS

1998 : un père d’élève apprend la présence d’amiante dans les dalles de sol et la colle lors de travaux à la cantine d’une école primaire.
Des mesures donnent 3,3 fibres d’amiante par litre d’air.
1999 : les parents contactent l’Addeva 44.
2000 : Démarches à la mairie, la préfecture, la DDASS et divers élus. Articles de presse. Mesures à zéro fibre. Les parents contestent ces mesures et exigent un désamiantage. La mairie nie tout danger (les parents sont qualifiés de « psychotiques » et de « paranoïaques »).
2001 : Nouvelles mesures à zéro fibre. Nouvelles contestations. Mise en place d’une coordination des parents de toutes les écoles de La Baule. Pétition massive.
2002 : le maire se veut rassurant : la réglementation est respectée, les dalles sont en bon état ; le risque est « très faible » ; s’il y a des travaux « toutes les précautions seront prises ».
Mars 2004 : des dalles d’amiante sont enlevées et découpées sans précaution à la meuleuse dans une salle de classe pour installer un placard. Lettre au maire menaçant de porter l’affaire devant les tribunaux. Articles de presse.
Avril 2004 : le maire annonce que les dalles seront remplacées dans toutes les écoles.

 


Quelle confiance accorder aux mesures d’empoussièrement ?

Les mesures faites par la SOCOTEC de Nantes ont été utilisées pendant des années par la mairie pour prouver qu’il n’y avait aucun risque.

UNE CONTRE-EXPERTISE D’HENRI PÉZERAT

Dans un rapport fait à la demande des parents, Henri Pézerat notait que des prélèvement avaient eu lieu le mercredi et à des moments de la journée, où il n’y avait aucune activité susceptible de mettre des fibres en suspension dans l’air : l’absence des enfants faussait les résultats.
De plus les capteurs avaient été placés à la hauteur des voies respiratoires d’un adulte alors que les enfants sont petits, se traînent par terre, et font la sieste sur des matelas posés sur le sol. Enfin, les sols avaient été nettoyés et cirés juste avant ces prélèvement...
Au vu de ces graves carences, l’Andeva avait écrit en octobre 2002 au ministère pour demander le retrait de l’agrément accordé à cet organisme. Il n’a pas réagi…
La responsabilité des Pouvoirs publics est engagée : il faut abaisser les valeurs limites d’exposition pour les enfants, revoir les normes garantissant la fiabilité des prélèvements et des mesures, renforcer les moyens de contrôle social sur les sociétés trop facilement agréées qui les réalisent.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°13 (juin 2004)