Plusieurs millions de salariés ont été ou sont encore exposés à des cancérogènes sur leur lieu de travail. La pollution environnementale a aussi des conséquences désastreuses pour la santé publique. Mais le « plan cancer » préfère s’attaquer aux comportements individuels des Français plutôt qu’à ces problèmes collectifs.

Le « plan cancer » commence par un terrible constat : « le cancer tue 150.000 personnes par an. Il est la première cause de mort prématurée. En 10 ans, il aura tué autant que la première guerre mondiale ».
Face à cette situation il se fixe un objectif : « d’ici 5 ans : diminuer la mortalité par cancer de 20% », avec « un effort considérable » pour la recherche, la prévention et le dépistage, le traitement . Mais le cancer est surtout vu comme « la conséquence de nos comportements : fumer, boire à l’excès, exposer un jeune enfant au soleil sans protection, ne pas manger assez de fruits ou de légumes ».
Les cancers professionnels et environnementaux sont relativisés, alors qu’ils connaissent une véritable flambée, que les statistiques officielles ignorent.
Une étude récente de l’InVs estime que seulement 20% des cancers du poumon, 10% des leucémies, et 1% des cancers de la vessie d’origine professionnelle sont déclarés. Estimations sans doute optimistes...
Le droit à un suivi médical post-professionnel gratuit existe depuis plus de dix ans. Plusieurs millions de salariés ont été exposés à des cancérogènes. Seuls quelques milliers bénéficient de ce suivi.
L’évaluation de la toxicité des produits industriels devrait être une priorité. Privée de moyens, la toxicologie n’existe pratiquement plus en France.
On ne fera pas reculer les cancers professionnels sans imposer de mesures contraignantes aux employeurs. Le « plan cancer » ne s’engage pas dans cette voie.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°13 (juin 2004)