Dans le débat sur l’avenir de la protection sociale, les victimes de
l’amiante ont leur mot à dire.

Chaque jour, les malades de l’amiante sont confrontés aux graves difficultés de l’hôpital public, à son manque de personnel pour assurer des soins de qualité et le maintien de la dignité des personnes.
Chaque jour, les malades de l’amiante sont confrontés aux carences des caisses de Sécurité sociale pour faire reconnaître et indemniser les maladies professionnelles, au manque de sensibilité des médecins libéraux à ces questions de santé au travail.

A l’heure où s’engage un débat public sur l’avenir de l’assurance maladie, notre devoir est d’alerter l’opinion :
- sur l’énorme impact financier de la sous-déclaration des maladies professionnelles et particulièrement des cancers, qui fait peser indûment sur la branche maladie et les mutuelles des dépenses de plusieurs milliards qui devraient être à la charge de la branche Accidents du travail - Maladies professionnelles, et donc des employeurs, au nom du principe pollueur/payeur,
- sur le caractère parfaitement évitable de dizaines de milliers de maladies graves et coûteuses, dues aux carences de la prévention des risques tant en milieu de travail que dans l’environnement,
- sur la responsabilisation financière insuffisante des employeurs qui ont mis en danger la vie ou la santé de leurs salariés et des industriels qui ont massivement diffusé des produits dangereux pour la population.

Alors qu’existent déjà d’insupportables inégalités face à la santé et à la mort, des mesures telles que la franchise d’un euro et l’augmentation du forfait hospitalier font, une fois de plus, retomber le poids des efforts financiers sur les familles les plus modestes, de plus en plus contraintes de renoncer à se soigner. Mesures d’autant plus scandaleuse que ni les bénéfices des entreprises à commencer par ceux de l’industrie pharmaceutique, ni les revenus de ceux qui font de la médecine libérale un juteux commerce ne sont mis à contribution.

L’Andeva n’accepte pas que soit institutionnalisée une santé à deux vitesses dans ce pays. La santé n’est pas une marchandise, ce doit être une priorité sociale, aussi bien dans le domaine de l’accès à des soins de qualité, que dans celui de la recherche ou de la prévention.
Elle n’accepte pas que soient remises en cause les valeurs de solidarité et d’égalité qui ont présidé à la création de la Sécurité sociale, pour installer un système libéral où, progressivement, seuls ceux qui en ont les moyens pourront se soigner et bénéficier des progrès médicaux.
Elle n’accepte pas que notre système de santé soit livré aux appétits des sociétés d’assurance et des multinationales de l’industrie pharmaceutique.

C’est pourquoi nous avons appelé à participer aux manifestations du 5 juin aux côtés des organisations syndicales et des associations.

Alain Bobbio


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°13 (juin 2004)