« Il est temps qu’il y ait un suivi digne de ce nom. La contamination est collective. La prise en charge devrait l’être aussi »

« Nous aussi étions parmi les premiers et nous voilà, nous aussi, hors course ! », s’exclame Josette Roudaire, présidente du CAPER (Comité amiante prévenir et réparer) Auvergne. « Pas de moyens administratifs, pas de budget, pas d’aide pour réaliser une convocation à grande échelle des personnes touchées… »

L’Auvergne a été exclue des régions pilotes. Pourtant à Clermont-Ferrand, il y avait, Amisol, cette usine transformatrice d’amiante qui a fermé ses portes il y a trente ans. « On avait un recul suffisant pour étudier la situation sanitaire des ex-salariés. Ils respiraient des centaines de milliers voire des millions de fibres », explique Josette Roudaire. « Le suivi s’est enclenché en 1995 pour Amisol et Everit à Saint-Eloi. Mais, aujourd’hui, on ne dispose pas de financement pour faire vivre une telle structure de suivi », poursuit-elle.
Dans cette région, il n’existe plus que du suivi médical individuel. « En matière de santé au travail, il est temps qu’il y ait un suivi digne de ce nom. La contamination est collective, la prise en charge devrait l’être aussi. »

Suite à la découverte de plaques pleurales chez un de leurs collègues, 200 salariés de l’aciérie Aubert-Duval (Puy-de-Dôme) ont demandé à passer des scanners.
Résultat : on a diagnostiqué 76 ouvriers contaminés.
« Quand on cherche, on trouve ! », commente Josette. « Si on ne le fait pas, c’est parce qu’on souhaite économiser sur la réparation et masquer l’ampleur de la contamination en France. En généralisant le SPP, on risque de découvrir des millions de personnes contaminées. Mettre en place des régions pilotes, c’est comme si nous faisions des essais en laboratoire alors que nous avons besoin d’essais en plein champ. Si nous étions région pilote, nous suivrions au moins 15 000 personnes ! »


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°14 (octobre 2004)