« Nous avons été les premiers à initier le SPP. Nous voilà abandonnés sur le bord de la route »

Le suivi post-professionnel par scanner des retraités exposés à l’amiante existe en Aquitaine, en Normandie (haute et basse) et Rhône-Alpes. Pierre Pluta, président de l’Ardeva 59-62, se demande encore pourquoi sa région a été exclue. « On ne nous a jamais demandé notre avis ni mis à profit notre expérience... »

Pourtant le Nord a été parmi les premiers à mettre en place le suivi des anciens ouvriers des chantiers navals et des dockers de Dunkerque. « Nous avons obtenu des associations d’anciens des chantiers navals, une liste nominative d’environ 1200 travailleurs (sur 3000) qui y avaient été employés, sans compter les sous-traitants. »

Près de 2500 courriers ont été envoyés. 250 réponses sont parvenues à la CPAM. Le centre hospitalier de Dunkerque les a pris en charge. Une personne sur trois s’est révélée contaminée. « Nous avons demandé à l’Institut de médecine du travail de nous aider à étendre ce suivi à trois autres sites : Sollac et l’usine des Dunes (sidérurgie) et Arno (réparation navale). Les entreprises ont freiné : la Sollac, qui invite ses anciens à des fêtes de fin d’année, a rejeté notre demande de joindre aux invitations une info sur le suivi amiante. » « De source syndicale, sur la région de Dunkerque, il y a pour cette seule entreprise 5000 personnes qui ne sont ni conscientes d’avoir été exposée et peut-être contaminées ni informées d’une possible prise en charge. »

Malgré ces obstacles, 1750 personnes ont été reconnues en maladie professionnelle pour la seule ville de Dunkerque. Quel suivi médical auront-elles ?

« La mise en place des régions pilotes a cassé ce qui existait chez nous, déplore Pierre Pluta. Les sources de financement se sont taries. Dans certaines régions pilotes, tout se construit pratiquement à partir de rien. Chez nous, on déconstruit ce qui a déjà été fait !
Nous sommes une des régions qui déplorent le plus de victimes. Nous avons été parmi les premiers à initier le SPP et nous voilà abandonnés sur le bord de la route
 ! »


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°14 (octobre 2004)