Le TASS de Bastia a reconnu la faute inexcusable de la Société minière de l’amiante (SMA), filiale d’Eternit, qui a exploité la mine de Canari de 1949 à 1965. Il a indemnisé vingt-trois victimes qui y avaient travaillé. Cette procédure, engagée par l’Ardeva Sud Est (avec la FNATH) a permis d’obtenir des niveaux d’indemnisation très supérieurs à ceux accordés par le Fiva. Ce sont les premières condamnations en Corse dans le dossier de l’amiante.

Cette mine était « Un véritable enfer blanc », disent les témoins. A l’intérieur, la poussière était si dense qu’on n’y voyait pas à deux mètres ». Selon la sécurité sociale, 1413 mineurs y ont travaillé. En 1984, 19 ans après la fermeture, seuls 601 d’entre eux avaient été identifiés, avec 160 décès. On compte 22 cancers bronchiques et un mésothéliome. « Il y a de nombreux cas d’asbestoses, ce qui révèle une exposition à des doses massives », dit Michel Ledoux avocat des victimes.

Le jour de l’audience la salle était pleine. « Ils ne s’attendaient pas à une telle médiatisation, précise Monique Nowak, la présidente de l’Ardeva Sud-Est. On manquait de chaises. Les gens étaient assis par terre. Les victimes et ceux qui les soutiennent ont compris que nous allions enfin déboucher sur des sanctions. Jusqu’à présent, on les avait empoisonnés, ils avaient perdu leur travail, mais leurs préjudices n’avaient été pris en compte. »

Les obstacles ont été nombreux : les enfants et petits-enfants des victimes pensaient n’avoir plus de recours ; la société ayant disparu, il fallait désigner un mandataire ; la Cpam bloquait les dossiers… « On a montré qu’on pouvait aller jusqu’au bout », explique maître Ledoux.
Cette victoire judiciaire devrait inciter les employeurs corses à prendre sans délai des mesures de prévention protéger les travailleurs du bâtiment qui sont au contact des roches amiantifères très présentes en Haute-Corse.

L’Ardeva Sud Est demande aux pouvoirs publics de soutenir l’action de l’Inspection du travail, qui a dressé plusieurs procès verbaux d’infractions, et de prendre des mesures face aux risques de contamination autour de la mine laissée aujourd’hui à l’abandon.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°14 (octobre 2004)