Vivre avec des plaques pleurales

Les fibroses pleurales (plaques et épaississements) sont très fréquentes.
Deux personnes malades de l’amiante sur trois en sont atteintes.

 


Qu’est-ce qu’une fibrose pleurale ?
Les deux plèvres forment une double enveloppe autour du poumon : la plèvre viscérale (au contact de l’organe) et la plèvre pariétale (côté extérieur). Les plèvres sont élastiques et coulissent l’une sur l’autre quand expire et inspire.
Lorsque des fibres d’amiante sont inhalées, elles peuvent se fixer sur ces plèvres, provoquant une réaction de défense de l’organisme avec apparition d’un tissu fibreux. La plèvre perd de l’élasticité et devient localement plus épaisse et plus rigide.

 


Plaques et épaississements.
On parle de plaque pleurale lorsque c’est la plèvre pariétale qui est touchée.
On dit que ces plaques sont calcifiées lorsque des sels de calcium se fixent sur ce tissu et qu’il durcit.
On parle d’épaississement pleural, lorsque le tissu fibreux se forme sur la plèvre viscérale.
L’épaississement de cette plèvre qui se trouve au contact du d’un lobe pulmonaire, provoque de petites altérations sur ce lobe (les radiologues évoquent des « bandes parenchymateuses » ou des « atélectasies par enroulement »).

 


Quels sont les effets des plaques ?
Certains médecins soutiennent que les plaques pleurales ne sont pas une maladie, mais seulement un témoin d’exposition.
Il est vrai que certaines personnes découvrent par hasard une plaque pleurale en passant un scanner, sans symptômes antérieurs perceptibles, ou sans avoir fait le lien entre des symptômes existants et l’amiante.
Mais l’expérience et les multiples témoignages des associations de l’Andeva montrent que les lésions pleurales s’accompagnent très souvent d’une gêne respiratoire et de douleurs. Cette expérience a été confirmée par des études scientifiques qui montrent que les plaques pleurales engendrent en général une restriction de la capacité respiratoire.
Cette restriction est d’autant plus importante que ces plaques sont nombreuses et étendues. Elle est plus grande pour les épaississements que pour les plaques.

 


Plaques pleurales et cancer.
Quand le médecin vous apprend que vous avez une plaque pleurale, c’est un choc. On se dit : « J’ai de l’amiante dans les poumons... » . On craint le pire. On a l’impression de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. On pense aux collègues qui ont eu un cancer.
Pour réagir, il faut d’abord comprendre.
Une plaque pleurale n’est pas l’annonce inéluctable d’un cancer. Une forte majorité des personnes concernées ne développera pas de cancer.
Les fibroses pleurales et les cancers ont une même origine (l’inhalation de fibres d’amiante), mais leurs mécanismes sont très différents :

- Une fibrose due à l’amiante (comme une silicose due au charbon), c’est la formation d’un tissu fibreux.
- Un cancer c’est une évolution anormale de certaines cellules.

Le cancer n’est donc pas l’aggravation d’une plaque ou d’un épaississement c’est une autre maladie.
L’amiante est un matériau cancérogène. Le risque de cancer existe - à des degrés divers - pour toutes les personnes qui ont inhalé ces fibres (qu’elles aient ou non des plaques pleurales).
Faute d’étude adéquate sur le sujet, il est actuellement impossible de dire avec certitude si, pour une même exposition à l’amiante, les personnes atteintes de fibroses pleurales ont ou non un risque plus important de développer un cancer.
Quand on a une fibrose pleurale, il est recommandé d’avoir un suivi médical régulier. Cette surveillance médicale permet de contrôler son état de santé, , de repérer d’éventuelles évolutions, et le cas échéant de faire valoir ses droits.

 


Que peut-on mesurer avec des épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) ?

En théorie les épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) permettent de savoir si la capacité respiratoire a diminué.
En pratique elles sont peu fiables pour mesurer la perte de capacité due à une plaque ou un épaississement. Pour une raison évidente : il manque un « point zéro » pour comparer les résultats avec ceux de la même personne quand elle était en bonne santé. En fait, on ne mesure pas ce qu’elle a perdu, mais la différence entre sa situation et celle d’un « individu moyen ». Les sportifs et les travailleurs de force, qui avaient au départ une capacité respiratoire plus importante, sont donc défavorisés…
Le taux d’incapacité partielle permanente (taux d’IPP) minimum du Fiva est de 5% pour les plaques et 8% pour les épaississements. Le taux d’IPP doit prendre en compte non seulement la diminution de capacité respiratoire, mais aussi le retentissement psychologique et les symptômes associés (toux, douleurs). Si un taux d’IPP semble trop faible, il faut le contester. Si l’on constate une diminution de la capacité respiratoire, il faut demander une aggravation avec relèvement du taux d’IPP.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°14 (octobre 2004)