Le 11 juin, 500 personnes se sont rassemblées devant le palais de justice de Mont-de-Marsan (Landes) pour soutenir vingt-trois plaignants, anciens de la centrale EDF, dont dix sont décédés.

LE PLUS JEUNE N’AVAIT QUE QUARANTE DEUX ANS...

« Un jour c’est lui, un autre c’est son collègue. Demain, ce sera toi ou moi… L’amiante n’est pas seulement un problème dramatique et individuel, comme trop souvent les employeurs veulent le faire croire. Non, c’est un problème collectif qui, tour à tour, touche de plus en plus de travailleurs », martèle François Desriaux, le président de l’Andeva, à la manifestation organisée par la CGT Mines-Energie, devant le palais de justice de Mont-de-Marsan (Landes).
500 personnes se sont réunies pour soutenir vingt-trois plaignants, anciens de la centrale EDF d’Arjuzanx (dont dix sont décédés), et leur famille.

“Je salue les enfants et les veuves”

Jean-Louis Barthès, membre CGT du groupe national de suivi amiante, salue « les enfants et les veuves de Raymond, Jacques, Paul, Charles, Noël, Michou, Guy, Henri, Jean et André.
Il s’agit des membres des familles des dix plaignants aujourd’hui décédés suite à des pathologies liées à
l’amiante. »
Le plus jeune n’avait que 42 ans. Le plus âgé, 75 ans.
« Je salue aussi Max, Martin, Roland, Yves, Jean, René, Jean-Michel, Jean, Jules, Jacques, Jean, Jean-Claude et Pierre. Ce sont les autres plaignants du procès de ce jour » …
Cette manifestation restera dans toutes les mémoires.
« 500 personnes se sont rassemblées devant le tribunal dès 9 heures 30, se souvient Michel Lalanne. Les manifestants ont écouté les discours avant que le cortège ne s’ébranle vers le siège d’EDF et la préfecture.
Les participants étaient nombreux : le CERADER de Dordogne, Allo Amiante de Bordeaux, les CMCAS de Bordeaux, Toulouse, Bayonne, Périgueux, Agen et Pau, l’UD CGT des Landes, les salariés de Dalkia…
 »

“Sur le goudron : les silhouettes des copains disparus”

Sur le goudron, les silhouettes des disparus sont peintes, une vingtaine de manifestants sont vêtus de blanc, visage masqué.
Beaucoup d’autres portent un tee-shirt noir où l’on peut lire : «  l’amiante tue » et « je ne veux pas perdre ma vie en la gagnant ».
Mise en scène silencieuse et solennelle qui exprime l’intensité du drame vécu ici.
« Une manifestation d’autant plus émouvante, estime Michel Ledoux, l’avocat des victimes, qu’ Arjuzanx était une petite centrale. Tout le monde se connaissait ! »
François Desriaux a rappelé, de plus, le drame vécu au plan national : « la contamination par l’amiante devrait causer la mort par cancer de 100 000 personnes en France d’ici à la fin de l’épidémie . »

“1485 maladies professionnelles à EDF-GDF”

«  À EDF-GDF, a précisé Jean-Louis Barthès, 1485 maladies professionnelles dues à l’amiante sont répertoriées dont plus de trois cents décès identifiés.
Sur le seul site d’Arjuzanx, dix-neuf collègues sont à ce jour décédés de pathologies liées à l’amiante. Rien qu’en Aquitaine, trente-deux décès à EDF-GDF liés à l’amiante sont connus
. »

“Nous ne garderons pas le silence”

 
« Nous avons décidé que notre présence ce jour devant le tribunal de Mont-de-Marsan serait empreinte de gravité, de solennité même. Nous nous y tiendrons. Mais nous ne garderons pas le silence », a-t-il prévenu.
François Desriaux est confiant sur l’issue de l’audience : « sans faire preuve d’un excès d’optimisme, je crois qu’on peut dire qu’EDF a déjà perdu. Au moins politiquement au vu du succès de la manifestation d’aujourd’hui. »


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°14 (octobre 2004)