L’espoir renaît. La marche des veuves de l’amiante qui défilent à Dunkerque toutes les trois semaines sous les fenêtres du procureur de la République, « Pour la justice, contre l’oubli », en portant les photos de leur mari, mort empoisonné par l’amiante, a ému l’opinion publique.

Leur détermination, leur courage mais aussi la justesse de leur cause ont sensibilisé les médias, qui ont compris et relayé le message que nous essayions de faire passer depuis des années : il est inacceptable que la plus grande catastrophe sanitaire que notre pays ait connue, et qui était évitable, n’ait pas de responsable. Il est indigne d’une société évoluée que la justice pénale ne demande aucun compte à tous ceux qui ont commis des fautes : les industriels de l’amiante qui savaient, les employeurs qui ne respectaient pas la réglementation, les pouvoirs publics et les experts qui ont laissé faire.

Les politiques aussi commencent à s’interroger sur cet autisme judiciaire, sur cette loi Fauchon sur les « délits non intentionnels » qui ressemble fort à une amnistie des responsables des affaires de santé publique. Aujourd’hui, le premier obstacle, celui de l’indifférence, semble franchi. Il a été suivi de près par un autre épisode judiciaire encourageant, avec les premières mises en examens dans le dossier emblématique de Jussieu.

Il faut donc battre le fer pendant qu’il est chaud. Le message est clair : mobilisation générale ! C’est maintenant ou jamais qu’il faut montrer au gouvernement,au Garde des Sceaux, aux autorités judiciaires, notre volonté d’aller jusqu’au terme de notre combat pour la justice.

Nous exigeons que les instructions en cours sortent de l’enlisement ; que partout où des centaines de procédures devant les Tass ont conclu à des fautes inexcusables des employeurs, les procureurs de la République ouvrent des informations judiciaires ; que l’instruction des responsabilités des industriels de l’amiante et des pouvoirs publics soit confiée au pôle judiciaire de santé publique ; que ce dernier dispose enfin de réels moyens pour mener correctement ses investigations.

Pour cela, nous devons à la fois soutenir l’action des veuves, à Dunkerque, et la démultiplier. A tour de rôle, les associations du réseau sont invitées à rejoindre les manifestations du mercredi (voir le calendrier en page 15), devant le palais de justice de la ville des Flandres. Des associations ont déjà fait le déplacement ; l’Andeva aidera les associations à participer à ces actions de solidarité.

Ensuite, il s’agit de lancer un mouvement national des veuves de l’amiante. Chaque association locale est invitée à l’organiser sur son territoire. L’Ardeva Nord-Pas-de-Calais et l’Andeva sont prêtes à aider ce mouvement se mettre en place. A terme, nous envisageons une grande manifestation nationale des veuves de l’amiante, à Paris, point de convergence de toutes les initiatives locales.

La route est encore longue jusqu’à un procès de l’air contaminé que nous attendons tous. Simplement aujourd’hui, c’est davantage de nous-mêmes et de notre capacité de mobilisation que dépend le cours des choses.

François DESRIAUX
Michel PARIGOT
Pierre PLUTA