Wagner, un médecin anglais, démontre la relation entre amiante et mésothéliome. Dans la salle toutes les sociétés qui travaillent l’amiante sont présentes.

Les industriels qui exposaient leurs ouvriers à l’amiante, ne peuvent pas dire qu’ils ignoraient les dangers.

Du 29 au 30 mai 1964, la chambre syndicale patronale de l’amiante réunit un congrès international sur l’asbestose à Caen (Calvados).

Dans la salle, les médecins du travail des sociétés qui travaillaient ce matériau (Ferodo, Everitube Bassens, Ferrerite, Amisol), des professeurs de médecine, des responsables de la Sécurité sociale et des directions du travail…

Un médecin britannique, J.C. Wagner, y fait une intervention démontrant sans ambiguïté la relation entre amiante et mésothéliome. Il présente plus de 120 cas de mésothéliomes pleuraux collationnés en quelques années pour la seule Afrique du Sud et plusieurs cas de mésothéliomes péritonéaux.

Plus de la moitié des cas présentés n’a jamais travaillé dans l’industrie de l’amiante mais a vécu au voisinage des mines et des moulins. D’où l’importance de l’exposition environnementale et des faibles niveaux d’exposition.

Il a mis sur pied une étude en Grande-Bretagne, en collaboration avec les industriels et les ministères anglais. Dès 1963, les rapports de l’équivalent anglais de l’inspection du travail mettent en évidence parmi les travailleurs de l’amiante des excès de cancers du poumon et de mésothéliomes. Cette recherche en collaboration avec les unités de chirurgie thoracique et les équipes d’histologie permet, dès 1964, de repérer 256 cas de tumeurs pleurales et péritonéales. 168 sont confirmées par l’histologie et 107 sont indéniablement associés à une exposition à l’amiante.

Des résultats similaires s’accumulent dans cinq autres pays : Australie, USA, Italie, Canada et Finlande.

« Ces résultats prouvent sans ambiguïté la relation entre exposition à l’amiante et mésothéliome », souligne Henri Pézerat. La démonstration du risque est irréfutable. L’industrie ne peut pas dire qu’elle ignorait le danger. Dès 1964, les industriels savaient qu’en exposant les ouvriers à l’amiante, ils les exposaient aussi au mésothéliome. ”

« Les actes de ce colloque montrent qu’il n’est pas possible d’utiliser l’argument de l’ignorance. On ne pouvait pas ne pas savoir »
, ajoute Jean-Paul Teissonnière, avocat des victimes .

P.L


 

Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°16 (avril 2005)