La recherche des responsabilités dans les catastrophes sanitaires demande des moyens importants. Le dossier de l’amiante est très lourd à traiter : le délai entre l’exposition à l’amiante et l’apparition des maladies impose des recherches sur de longues périodes ; les responsabilités sont multiples, publiques et privées. Il faut des investigations lourdes et des compétences particulières.

C’est pourquoi dès 1998, l’ANDEVA, le Comité anti-amiante Jussieu et les associations de victimes du sang contaminé et de l’hormone de croissance avaient demandé la création d’un pôle de santé publique, avec des magistrats spécialisés sur le modèle du pôle financier.

La décision de créer ce pôle a été prise en 2002. Il doit traiter toutes les affaires de santé publique (hormone de croissance, farines animales, retombées du nuage radioactif de Tchernobyl, amiante ...). Or ses moyens sont très limités : une antenne à Paris avec seulement deux juges d’instruction (un quatrième vient d’être nommé), une autre à Marseille, avec des moyens encore plus restreints.

Marie-Odile Bertella-Geoffroy, la juge coordinatrice du pôle santé publique de Paris déplore la faiblesse des moyens dont elle dispose. En mai 2005 devant la mission amiante du sénat, elle a qualifié de « colossaux, les moyens qui seront nécessaires au regroupement du contentieux pénal de l’amiante auprès des deux pôles santé publique de Paris et Marseille ». Cela vaut pour le nombre de juges d’instruction, mais aussi celui des officiers de police judiciaire spécialisés, qui peuvent mener des interrogatoires, faire des perquisitions et dépouiller les documents recueillis. Or leur nombre s’est réduit à trois !

Pour éviter l’asphyxie, il faut donc obtenir des moyens supplémentaires. C’est à cette condition que nous aurons une chance de voir les responsables de la catastrophe sanitaire provoquée par l’amiante, traduits en justice.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°17 (octobre 2005)