- De nouvelles plaintes au pénal ont été déposées contre Eternit et la DCN.

- Des manifestations appuient ces actions judiciaires. L’instruction de dossiers anciens, qui stagnait a été transmise aux magistrats des pôles de Santé publique.

 

 

De nouvelles plaintes pénales ont été déposées ces derniers mois contre plusieurs entreprises qui ont contaminé de très nombreuses victimes.

D’abord contre Eternit, principal groupe industriel de transformation de l’amiante en France (avec Everitube, filiale du groupe Saint Gobain). Aujourd’hui, 1200 maladies professionnelles dues à l’amiante ont été enregistrées dans le groupe Eternit France, dont 200 décès. Une plainte au pénal a été déposée au tribunal d’Albi par les familles d’anciens salariés de Tessac. D’autres suivront dans les semaines et les mois à venir, à Albi mais aussi sur les autres sites, Thiant (59), Caronte (13), Paray le Monial (71).

Deuxième cible des actions au pénal : la Direction des chantiers navals (DCN). Le nombre de salariés contaminés y est considérable (1100 maladies professionnelles reconnues pour le seul site de Cherbourg) ; il augmentera encore dans les années à venir. La DCN, ne pouvait ignorer le danger. La construction navale a été la plus grande consommatrice d’amiante en France. Les études épidémiologiques ont révélé très tôt un nombre considérable de cancers dans les arsenaux.

La plainte contre Amisol a été déposée en 1996. L’instruction dort. La plainte contre le CMMP d’Aulnay est instruite par le pôle Santé publique de Paris.

Les victimes d’Eternit, de la DCN, d’Amisol, du CMMP ont la même exigence de justice. Au pénal l’objectif premier n’est pas d’indemniser, mais de rechercher des responsables. Ceux qui ont commis des fautes entraînantdes maladies et des décès doivent être jugés. 


PLAINTES CONTRE ETERNIT


 

PORT-DE-BOUC
Devant la stèle en hommage aux morts de l’amiante

Le 24 juin 2004, à l’appel du CAPER des anciens salariés d’Eternit Caronte a eu lieu un rassemblement devant la stèle érigée il y a un an à Port-de- Bouc, en hommage aux camarades morts de l’amiante.

Cette stèle veut saluer la mémoire de tous les disparus : ceux d’Eternit bien sûr, mais aussi les dockers, les métallos, les ouvriers du BTP… et dire à l’opinion publique que ces morts auraient pu être évitées si les employeurs n’avaient pas fait passer leurs profits avant le respect de la santé et de la sécurité de leurs ouvriers. Les dégâts humains de la politique d’Eternit sont considérables  : parmi les membres du CAPER, on compte aujourd’hui 40 veuves et une centaine de victimes. Chaque année, il faut accompagner 5 ou 6 camarades de travail au cimetière. Le dernier vient de mourir à 63 ans.

Le 24 juin, lors de ce rassemblement, de nombreuses personnalités (maires de Port-de- Bouc et de Martigue, député, conseillère générale…) ainsi que des représentants des associations de la région (Istres, Fos, Martigue, Toulon..) étaient venus honorer leur mémoire.

Indemniser au civil ne suffit pas ; les responsables doivent répondre de leurs actes devant la justice. Avec maître Lounis, son avocat, le CAPER a pris contact avec maître Ledoux. Une action au pénal est en préparation. Uneassemblée générale est prévue le 30 septembre.


 

ALBI
Quatre familles portent plainte contre Eternit avec l’Ardeva

« Il ne s’agit pas ici d’indemnisation, mais de détermination ». C’est par ces mots que Maître LAFFORGUE explique pourquoi quatre familles de victimes de l’amiante à Eternit Terssac (81) et l’ARDEVA Midi Pyrénées ont déposé plainte au pénal ce mercredi 7 septembre au tribunal d’Albi. Eternit a créé en 1971 une usine d’amiante ciment sur Terssac. A l’époque, les risques liés à l’amiante étaient déjà connus. Pourtant, pendant plus de 20 ans les salariés ont été exposés. On compte une dizaine de décès parmi les anciens salariés de Terssac.

Une plainte a été déposée a Albi. D’autres suivront sur les autres sites.


PLAINTES CONTRE LA DCN


 

CHERBOURG
Manifestation et dépôt de dix plaintes au pénal

Le 29 juin, jour d’une marche des veuves à Dunkerque, dix victimes et familles de victimes de l’amiante ont déposé plainte au pénal contre la DCN (Direction des constructions navales) de Cherbourg. A l’appel de l’ADEVA 50, une manifestation de 500 personnes a eu lieu devant le tribunal de Cherbourg, soutenue par des syndicats et la FNATH. Une victime qui avait porté plainte est décédée depuis.


 

BREST
Les empoisonneurs auront des comptes à rendre.

A Brest comme à Cherbourg, la faute inexcusable de la DCN a été reconnue plusieurs centaines de fois. Des victimes et des familles de victimes ont déposé une plainte au pénal. La DCN, grande utilisatrice d’amiante, diffusait dès 1950 des notes internes attirant l’attention sur les dangers de l’amiante, mais n’a jamais pris les mesures de protection qui s’imposaient.


CONTRE AMISOL ET LE CMMP


 

CLERMONT-FERRAND Justice pour les victimes d’Amisol !

Le 13 décembre 1974, la manufacture d’Amiante de Clermont fermait ses portes licenciant 271 personnes.

Dans les ateliers, la poussière à couper au couteau recouvrait tous les postes de travail et se propageait aux alentours de l’usine, laissant derrière elle fibroses et mésothéliomes parmi les voisins proches.

Pendant 65 ans les patrons de cette entreprise se sont enrichis au mépris des vies humaines mises en danger en toute connaissance de cause.

L’indignation, la colère devant ces souffrances, ces morts ont conduit à la création d’une association, puis à déposer des plaintes au pénal pour que la justice oblige les responsables à répondre de leurs actes.

C’était en 1996, vingt ans après la fermeture. En Avril 1999 le juge d’instruction décidait la mise en examen du PDG. Et depuis plus rien.

La justice civile a maintes fois reconnu la faute inexcusable de l’employeur, le tribunal pénal, lui, n’a pas bougé.

Les victimes de Clermont se sentent solidaires de l’action des veuves de Dunkerque. Elles ont besoin du procès d’Amisol pour dire : plus jamais ça ! Elles refusent la double peine : mourir d’amiante et d’indifférence.

Une manifestation a eu lieu dans la cour du Palais de Justice le 15 juin.


 

AULNAY-SOUS-BOIS 300 personnes ont manifesté le 16 avril devant le CMMP

De nouvelles plaintes pénales ont été déposées en juin 2004 contre les responsables de cette entreprise de broyage d’amiante qui a contaminé ses ouvriers et pollué tout le quartier. Les associations ont recensé une soixantaine de victimes.

L’instruction a été confiée à un magistrat du pôle de santé publique.


Articles parus dans le numéro 17 du Bulletin de l’Andeva (octobre 2005)