Le 24 janvier, malgré la neige et le verglas, une quarantaine de personnes participait à l’assemblée générale de l’Advarm, où étaient invités un représentant de l’Andeva et le député Geveaux vice-président de la mission amiante.

L’ADVARM s’est créée en 2003 à l’initiative d’un groupe de salariés émus par le décès de plusieurs collègues à cause de l’amiante.

« De l’amiante il y en avait un peu partout chez Renault, explique André Pousse, le président de l’association : dans le mastic utilisé pour les châssis (avant la cataphorèse), on utilisait entre 150 et 180 kilos d’amiante poudre pour 3 tonnes de produit fini.
L’amiante était mélangé dans un malaxeur à des résines et des pigments de peinture.
Il y en avait aussi dans les plaquettes de freins montées au bâtiment GG. Deux salariés qui avaient travaillé dans ce bâtiment sont mort de l’amiante. Leurs familles ont engagé une action judiciaire. Ce ne sont pas les seuls décès.
Ces morts ont provoqué chez nous une prise de conscience qui nous a conduit à créer l’association. Nous avons alors constaté qu’il y avait de l’amiante partout dans l’usine : dans les sables de fonderie, dans les fours du traitement thermique sous forme de joints et de plaques.
Nous avons aussi noté que dans tous les bâtiments il y avait des machines munies de systèmes de freinage avec de grosses plaquettes en amiante. Nous respirions tous une poussière chargée de fibres d’amiante
. »

Jacques Année, le vice-président, est retraité. Il a passé 25 ans au bâtiment GG au montage des étriers et des plaquettes. « Nous étions jeunes, explique-t-il. Quand nous prenions des plaquettes dans les bennes, nous voyions bien qu’il y avait de la poussière. Mais nous n’y faisions pas attention.
Personne ne nous avait mis en garde. C’est par hasard que j’ai découvert que j’étais malade : en me faisant opérer de l’appendicite. Ils m’ont changé de poste, mais en me laissant dans le bâtiment GG, où il y avait de l’amiante partout. Peu après cela, l’atelier a été repeint...
Si j’ai accepté d’être vice-président de l’association, c’est parce que j’étais moi-même victime et par solidarité avec mes collègues. C’est aussi pour faire condamner la direction. Renault est de mauvaise foi.
A la fin des années 70 nous faisions des plaquettes de freins pour l’Allemagne avec un tampon : « produit non amianté ». Quand nous avions fini, nous recommencions à faire des plaquettes amiantées. La direction ne peut pas dire qu’elle ignorait le danger.
Je voudrais que sa faute inexcusable soit reconnue et que Renault Mans soit considérée comme usine amiantée
 ».

Stéphane Mézière est le plus jeune. Il travaille à l’entretien depuis 14 ans. Entré chez Renault en 1993, il n’a pas connu les années-catastrophe, mais il se souvient des interventions sur les tresses et les joints des fours à traitement thermique, les embrayages et les joints des presses à emboutir et à découper. « On utilisait la soufflette pour enlever la poussière. »

Quatre actions en faute inexcusable de l’employeur ont été engagées avec des avocats sarthois. La première a été déboutée au TASS du Mans, puis devant la Cour d’appel d’Angers. Elle ira en cassation. Deux autres passeront devant la Cour d’appel d’Angers.
L’association compte aujourd’hui 67 membres. Joël Huet et Bernard Lamy s’occupent de la trésorerie.

Créée à l’origine comme association locale indépendante, l’Advarm a décidé de se relier au réseau Andeva. « C’est une association connue au niveau national. En la rejoignant nous voulons augmenter nos chances de gagner et faire avancer plus vite les revendications des victimes ».

Une réunion de travail a eu lieu en mars. Une formation sera organisée dans les mois qui viennent.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°19 (avril 2006)