Pendant des décennies le CMMP a pollué le quartier en broyant de l’amiante au coeur de la ville d’Aulnay-sous-Bois, à côté de deux écoles. A ce jour une soixantaine de victimes ont été recensées, avec une trentaine de décès. Certaines ont été contaminées dans l’usine, d’autres à l’école, à la maison ou dans leur propre famille.

Depuis sa fermeture en 1991, le site n’a jamais été dépollué. Une démolition sans précautions mettrait en danger les riverains et les enfants des écoles voisines.

Cinq associations demandent une déconstruction sous confinement global : le collectif des riverains, les parents d’élèves, Addeva 93, Ban Asbestos, Aulnay Environnement. Devant le silence de la Préfecture et de la Mairie, elles ont repris l’initiative.

En janvier, elles organisent une réunion publique et une manifestation devant l’usine en invitant la presse. Un film, tourné dans l’usine, montre des images-choc. On voit de la poussière partout : sur le sol, dans les briques creuses, sur les poutres... La toiture en Fibrociment est déglinguée. Des plaques ont été arrachées par le vent. Le maire est dans la salle. Des parents l’interpellent.

Une semaine plus tard, le préfet invite les associations à une réunion avec l’ancien exploitant, le nouveau propriétaire, les Installations classées, la directrice de l’école, l’inspectrice d’académie, la direction départementale du travail, la caisse régionale d’assurance maladie... Le projet est clair : démolir l’ancien atelier d’amiante en deux mois (juillet-août).

Les associations protestent. Démolir des murs où la poussière d’amiante s’est incrustée, retirer mille mètres carrés de toiture en Fibrociment en mauvais état, défoncer une dalle de sol sous laquelle il y a encore les fosses des broyeurs d’amiante : comment croire qu’on puisse faire tout cela en plein air, après un simple dépoussiérage des parties intérieures accessibles, sans polluer tout le quartier ? Ce projet bricolé sent la précipitation, la volonté de passer en force. Le calendrier est serré. Aucun aléa de chantier, susceptible de prolonger les travaux au-delà de la rentrée scolaire n’a été envisagé...

Les associations réclament un confinement intégral (intérieur et extérieur) avec mise sous bulle des bâtiments. Cette technique a été utilisée pour démolir l’usine Promedo en Lorraine. Elles demandent des travaux hors période scolaire et une concertation avec les enseignants et les parents sur le relogement des classes, au cas où le chantier se prolongerait.

Quinze jours plus tard conférence de presse à la Bourse du Travail pour dénoncer le danger et montrer qu’une autre solution existe. On présente des photos du site. Le président du Conseil général apporte son soutien. Des conseiller municipaux aussi. Un ancien ouvrier du CMMP évoque ses conditions de travail. Il est malade de l’amiante. Plusieurs membres de sa famille en sont morts.

La semaine suivante, les associations participent sur leur demande à une expertise. Arguments à l’appui, elles plaident le dossier devant deux experts judiciaires, qui les écoutent avec attention. Le combat continue.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°19 (avril 2006)