Combien de temps encore va-t-on supporter que la réglementation censée protéger la santé et la sécurité des salariés ne soit pas appliquée ? Cette question essentielle, nous sommes en droit de la poser aujourd’hui au ministre délégué au Travail au vu du bilan de la campagne 2005 de contrôle des chantiers de désamiantage.

Après avoir constaté des infractions à la réglementation sur 67% des chantiers contrôlés, le ministre a dit qu’il restait « plus que jamais déterminé à faire respecter la réglementation sur les chantiers de désamiantage » et a annoncé un « renforcement de la réglementation ».

Il serait temps de passer aux actes. Rappelons qu’une première campagne de contrôles avait été menée en 2004. Elle avait conduit au même constat. Entre 2004 et 2005, aucune amélioration significative de la situation n’a été enregistrée !

Le bilan de la campagne 2005 indique que dans 66% des chantiers de retrait d’amiante friable, il n’est pas fait usage des équipements de protection respiratoires à adduction d’air, pourtant obligatoires, et que 44% des chantiers ne se font pas à l’humide, seule technique permettant de limiter l’empoussièrement en zone de travail. Il s’agit là d’infractions majeures à la réglementation aux conséquences graves pour la santé ! Quand on n’abaisse pas suffisamment l’empoussièrement en zone et qu’on n’utilise pas les protections respiratoires adéquates, cela signifie concrètement que les ouvriers concernés peuvent inhaler des quantités d’amiante considérables.

Cette situation est inadmissible, il faut y mettre fin.

Dans un communiqué de presse sorti au lendemain du bilan présenté par le ministre, l’ANDEVA et Comité Anti-Amiante Jussieu considèrent « qu’on ne peut pas faire deux ans de suite le même constat accablant quand on a les moyens de résoudre les problèmes ».

Que l’inspection du travail manque d’effectifs et de compétence est une évidence, mais cela ne saurait en aucun cas justifier la pérennisation de la situation.

Les entreprises de retrait de l’amiante sont des entreprises répertoriées ayant une qualification spécifique. Elles sont peu nombreuses (une centaine environ). Il n’y a aucune difficulté à les contrôler : il suffirait de quelques inspecteurs ou contrôleurs du travail spécialisés. Qu’attend l’État pour passer à l’acte ?

Tant qu’un contrôle spécifique et systématique ne sera pas mis en place par l’État, la réglementation ne sera pas appliquée car nous sommes dans un domaine où la sécurité a un coût. Pour remporter un marché, certaines entreprises cassent les prix et abaissent le niveau de sécurité du chantier. Sans contrôle, ce sont elles qui emportent les marchés.

L’ANDEVA et Comité Anti-Amiante Jussieu ont demandé à être entendus par le ministre afin d’examiner des mesures immédiates pour assurer le strict respect de la réglementation sur les chantiers de désamiantage. On ne peut accepter plus longtemps les contaminations à l’amiante aujourd’hui, qui donneront les cancers de demain.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°19 (avril 2006)