L’aboutissement d’une formidable bataille

 

Cette victoire est l’aboutissement d’une formidable bataille menée par plusieurs associations pour gagner l’opinion publique. Une bataille pour la vérité et la transparence contre la politique du mensonge et du secret. Elle a porté ses fruits : le premier février, un sondage réalisé à la demande des associations indiquait que deux français sur trois étaient pour le rapatriement du porte avions.

 


Désavoué par deux français sur trois...

 

Mai 2005 : L’Andeva envoie Lucas Schiffres, un journaliste, à Alang pour enquêter sur les conditions réelles de démolition et de désamiantage des navires. Reportage et photos dans le bulletin de l’Andeva. Ses images vidéo sont diffusées sur Canal Plus, dans l’émission de Karl Zéro.

1er septembre : L’Andeva et le Comité anti-amiante demandent au Premier ministre que le Clemenceau soit désamianté en France en respectant la réglementation.

12 décembre : trois militants de Greenpeace arrivent en deltaplane sur le pont du Clemenceau en rade de Toulon. Écho médiatique garanti.

Décembre : Les associations sont reçues par le ministère de la Défense qui annonce un désamiantage en Inde. Communiqué de l’Andeva et du Comité anti-amiante soulignant l’absence de garantie de sécurité dans cette activité à haut risque pour les ouvriers indiens et l’environnement.

Fin décembre : l’Andeva et le Comité saisissent le tribunal administratif. Plusieurs communiqués de presse entre Noël et jour de l’An.

28 décembre : Lettre au Premier ministre et à la ministre de la Défense avec le projet industriel de désamiantage du porte-avions établi en 2003 par une entreprise française (le ministère affirmait n’avoir trouvé aucune entreprise française ou européenne pour réaliser cette opération !)

31 décembre : le Clem part pour Alang.

Début janvier : le Comité de surveillance des déchets dangereux de la Cour suprême indienne recommande de ne pas accueillir le Clem sans certitude sur la quantité d’amiante à bord. Les associations informent la presse et annoncent un recours devant le Conseil d’État contre l’ordonnance du Tribunal Administratif.

12 janvier : deux militants de Greenpeace se hissent à bord du porte-avions Clemenceau, à 90 miles nautiques de l’entrée du canal de Suez. Il s’agit de convaincre l’Égypte de refuser l’entrée du canal de Suez au navire. La presse s’en fait l’écho.

13 janvier : l’Andeva et le Comité anti-amiante demandent à Jacques Chirac d’intervenir pour mettre un terme à cette opération « absurde, illégale et inadmissible ».

20 janvier : conférence de presse de l’Andeva, Greenpeace, du Comité anti-amiante Jussieu, de Ban Asbestos, et de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme. Des victimes et représentants des cinq associations s’invitent à l’Élysée. Venus de Dunkerque, Saint-Nazaire et du Havre, des militants de l’Andeva, anciens des chantiers navals et des arsenaux, connaissant bien les navires, contestent les mensonges officiels sur la quantité d’amiante. Le Journal du Dimanche reprend leurs déclarations.

1er février : Résultats d’un sondage CSA à la demande des cinq associations :

- Plus de la moitié des Français (54%) est choquée que l’ex-porte-avions aille en Inde.
- Faut-il rapatrier le Clemenceau en France pour le désamianter ? 68% des 1000 personnes interrogées répondent oui.
- 84% estiment que les déchets toxiques et l’amiante devait être traités en France ou dans un autre pays industrialisé.

2 février : Le Tribunal de Grande Instance de Versailles déboute l’État français qui demandait l’annulation de la mission d’expertise obtenue par les associations. Info à la presse.

7 au 10 février : Le soupçon grandit sur le tonnage réel d’amiante. L’Andeva et le Comité anti-amiante orientent les journalistes vers les entreprises qui peuvent estimer la quantité d’amiante sur le Clemenceau...
Toute la presse en parle, de L’Humanité au Figaro, en passant par Le Monde, Libération, le Journal du Dimanche ou Le Parisien. L’affaire fait la Une du Monde. Libération interviewe le responsable d’une société qui était candidate pour désamianter le navire en France . Ses propos démentent les affirmations du gouvernement. L’Humanité dépêche une journaliste à Alang.

8 février : La presse publie un appel au Président de la République signé par des parlementaires, des responsables syndicaux et associatifs, des scientifiques et des artistes à l’initiative de l’Andeva, du Comité anti-amiante de Jussieu, de Greenpeace, de Ban Abestos et de la FIDH. Les 100 premiers signataires demandent à Jacques Chirac « d’éviter une catastrophe humaine et écologique » en décidant de rapatrier le Clemenceau en France où il pourra être nettoyé « dans des conditions respectueuses de la santé des salariés et de l’environnement »,

J.M. / A.B.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°19 (avril 2006)