« Je m’essouffle au moindre effort, je manque de respiration et cela va en s’accentuant », dit Michel Salard, un ancien d’Eternit Caronte.

Il avait déjà des  plaques pleurales reconnues en maladie professionnelle, il a déclaré une seconde maladie liée à l’amiante : l’asbestose.

En consultant son dossier à la caisse primaire, il a trouvé une lettre d’ECCF (successeur  d’Eternit) à la CPAM  : 

« Nous formulons des réserves expresses sur le caractère professionnel de cette maladie (…) Nous vous informons que nous considérons que la responsabilité de l’Etat est engagée. »

Michel a travaillé 21 ans et 8 mois chez Eternit dont l’amiante était la matière première. Indigné, il leur écrit :

« Vous ne pouvez ignorer que des centaines et des centaines de salariés qui œuvrèrent au sein de la société Eternit, votre prédécesseur, sont décédés, tous dans d’horribles souffrances. Je suis un des derniers survivants (…)

Mon épouse est décédée voilà trois ans d’un mésothéliome, à cause du refus d’ Eternit de prendre en charge le lavage des vêtements de travail.

Pendant des décennies, les patrons d’Eternit refusèrent de mettre des douches en nombre suffisant (…) 

Je suis révolté par le contenu de votre lettre où vous formulez les plus extrêmes réserves sur ma demande de maladie professionnelle tableau 30 A et vous avez tendance à rejeter sur l’Etat des responsabilités qui vous incombent (…)

Les responsables sont connus, ce sont les administrateurs de la société Eternit qui ont été mis en examen pour avoir mis en danger la vie d’autrui. »

La stratégie d’ECCF est limpide :

1) Contester a priori  l’origine professionnelle de la maladie, quitte à nier l’évidence.

2)  Annoncer d’emblée qu’il se réserve la possibilité de mettre en cause la responsabilité de l’Etat, pour mettre à sa charge une part des indemnisations qu’il pourrait avoir à verser au titre de la maladie professionnelle ou de la faute inexcusable de l’employeur.

Quel cynisme !


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva en avril 2015