Des milliers de maladies professionnelles dues à l’amiante reconnues, des centaines de condamnations pour « faute inexcusable de l’employeur... Et puis… …Plus rien ?

« Ce non-lieu est une insulte à la mémoire de nos collègues tués par l’amiante »

La juge d’instruction Fabienne Bernard a rendu le 8 janvier 2019 une ordonnance de non-lieu suite à la plainte pénale déposée par des victimes de la DCN à Brest et à Cherbourg.

Elles n’acceptent pas ce déni de justice.

Entre 1977 et 2012, à la Direction des Constructions Navales du Ministère de la Défense, il y a eu 4 592 déclarations de  maladiels professionnelles liées à l’amiante.
A la DCN Cherbourg, sur la même période il y a eu 1 502 déclarations, soit le tiers des déclarations du Ministère de la Défense.

Il y a eu des centaines de condamnations pour « faute inexcusable de l’employeur » suite à des actions judiciaires de victimes et de familles endeuillées par l’amiante.

Des centaines de reconnaissances du préjudice d’anxiété des salariés vivant sous la menace d’une pathologie grave...

Des témoignages poignants sur les conditions de travail de ces chaudronniers, modeleurs, mouleurs, charpentiers, tôliers, mécaniciens, électriciens, qui travaillaient dans des nuages de poussières d’amiante.

Et puis… …Plus rien ?

Après 14 années d’instruction, la juge d’instruction Fabienne Bernard a rendu une ordonnance de non-lieu qui s’ajoute à celles d’Everite ou d’Arjuzanx dont elle est un copier/coller.

Elle ne nie pas l’existence de nombreuses maladies et décè0s dus à l’amiante. Elle reconnaît que « les plaignants ont été exposés sur une période totale s’étalant entre 1944 et 2005 ». Elle admet que des « fautes éventuelles » aient pu être commises. Mais elle considère qu’il est impossible de dater le début du processus pathologique dû aux fibres d’amiante et donc d’en attribuer la responsabilité « à quiconque » !

A Cherbourg, Brest et Lorient, ce non-lieu a été ressenti comme une insulte à la mémoire de nos collègues tués par l’amiante. Nous avons aussitôt fait appel. L’audience devant la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris est prévue pour le 6 novembre .

Nous mènerons ce combat jusqu’au bout,

Nous le devons à tous qui nous ont quittés et à tous ceux qui nous quitteront demain, emportés par ces fibres mortelles,

Nous le devons aux générations futures,

Notre combat ne concerne pas seulement les victimes de l’amiante, car le même argument pourrait s’appliquer demain à tous les produits à effet différé (cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction).

Ce serait délivrer un véritable « permis de tuer » aux industriels, en escamotant par avance leurs responsabilités pour toutes les catastrophes passées, présentes et futures. Nous irons – s’il le faut – en cassation.

Tous les responsables doivent être jugés.

100 000 morts, zéro responsable !

Nous n’accepterons jamais !


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°64 (novembre 2020)