Le mouvement vers une interdiction mondiale de l’amiante continue de progresser, même si de trop nombreux pays ignorent encore les précautions les plus élémentaires de protection des travailleurs et de la population. Voici six nouvelles récentes.


BRÉSIL

Après plusieurs annonces et hésitations, le gouvernement fédéral du président Lula semble pour le moment avoir renoncé à promulguer l’interdiction de l’amiante.
Le Brésil est un grand producteur d’amiante (les mines sont situées dans l’état de Goias) et consomme la majeure partie de sa production.
Néanmoins le gouverneur de l’état de São Paulo, José Serra (candidat contre Lula à l’élection de 2002, ancien ministre de la Santé du gouvernement Fernando Henrique Cardoso) vient de signer une loi interdisant l’utilisation de l’amiante dans tout l’état.
Cette loi (proposée par un des députés de l’état, Marcos Martins, du parti de Lula) vient compléter l’interdiction promulguée par l’ancien maire de la ville de São Paulo, Marta Suplicy (affiliée au parti de Lula), concernant la capitale de l’état.
Ces décisions très importantes (la ville et l’état de São Paulo concentrent la grande majorité des industries brésiliennes) sont contestées auprès du Tribunal de la Cour Suprême par les industriels. Leur espoir est de voir la Cour juger qu’une telle décision (protéger la santé de la population …) ne peut être prise qu’au niveau fédéral.


PÉROU

Le Pérou est entré dans le processus d’interdiction de l’amiante, reconnaissant son caractère cancérigène et la nécessité de protéger la population. Des discussions pour une politique commune avec les pays andins voisins (Bolivie, Equateur, Venezuela) sont en cours. L’opposition des industriels la plus forte a lieu en Colombie.


ISRAËL

L’importation et l’utilisation de l’amiante est sévèrement restreint en Israël depuis 1997, date à laquelle des mesures et lois de protection de la santé contre ce matériau ont été mises en place.
Sans surprise, la prise de conscience des autorités sanitaires est venue de l’observation de l’augmentation de l’incidence de mésothéliome. La première grande usine de fabrication d’amiante-ciment, ouverte en 1952, a été fermée en 1997. Aujourd’hui le gouvernement prépare une nouvelle loi qui renforcera la prévention face à l’amiante en place et interdira l’amiante dans le pays.


CORÉE DU SUD

Le gouvernement a annoncé un plan de lutte contre les désastres causés par l’amiante : l’utilisation et la fabrication de produits contenant de l’amiante vont être graduellement restreints pendant l’année 2008, jusqu’à l’interdiction totale qui sera effective en 2009.
Cette décision, qui suit l’interdiction de l’amiante au Japon, est très importante mondialement car l’Asie est de loin le plus gros consommateur d’amiante.
La Corée du Sud était jusqu’à récemment un des gros clients des mines d’amiante du Canada.


ÉTATS UNIS

L’amiante n’est pratiquement plus utilisé par l’industrie américaine, essentiellement par crainte des procès en dommages et indemnisation, cependant son usage n’est pas officiellement interdit.
En effet la tentative d’interdire l’amiante, par l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) en 1989, a été férocement combattu par les industriels américains, le gouvernement et les industriels canadiens et ceux-ci ont obtenu gain de cause devant la « 5th Circuit Court of Appeals ». La motivation donnée par cette Cour d’Appel était que l’EPA n’avait pas suffisamment étudié les mesures de protections alternatives à l’interdiction…
Le sénat américain est en train de faire voter une loi qui devrait changer cet état de fait un peu étrange. La loi proposée et défendue par la sénatrice Patty Murray constate que l’amiante est un produit mortel, qu’il a causé des ravages et que son interdiction constitue une urgence.
Ce projet de loi est bien sûr combattu par le gouvernement canadien et les industriels de l’amiante.


ALGÉRIE

Le Conseil du gouvernement algérien a enfin adopté - quatre ans après - un décret d’application de la loi 2003 relative à la protection de l’environnement. Il a pour objet "d’interdire l’importation, la fabrication, la transformation et la mise sur le marché" de toutes variétés d’amiante.
Mais ce décret, adopté le 25 juillet par le Conseil, prévoit qu’à titre transitoire, un moratoire sera accordé aux exploitants des unités de production de matériaux à base d’amiante-ciment, afin qu’ils puissent terminer d’écouler leurs stocks…


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°24 (septembre 2007)