Le parquet de Turin a clos l’enquête sur les victimes de l’amiante dans quatre usines italiennes du groupe suisse Éternit. Il a jugé recevable 2969 plaintes et demandes de dédommagement de salariés contaminés. On compte à ce jour plus de 700 travailleurs italiens morts de l’amiante dans ce groupe.

Le parquet a publié un acte d’accusation de 108 pages avec les noms des victimes et les fautes d’Eternit, leader mondial du Fibrociment. Le dossier sera transmis à un juge des audiences préliminaires qui décidera de renvoyer ou non en justice les dirigeants de la multinationale à l’époque : l’industriel suisse Stephan Schmidheiny et le belge Jean Louis De Cartier. Le procureur de Turin Raffaele Guariniello soupçonne les deux hommes de catastrophe criminelle et d’homicide par négligence.
La justice italienne enquête aussi sur les décès de travailleurs italiens contaminés dans les entreprises suisses d’Eternit, à Niederurnen (GL) ou Payerne (VD). Mais comme la justice helvétique n’a pas encore répondu à une commission rogatoire, le procureur de Turin a décidé d’écarter cette partie de l’enquête.
Fin 2006, le Tribunal fédéral suisse avait autorisé la transmission au parquet de Turin de nouveaux dossiers concernant les victimes de l’amiante.
La Caisse nationale suisse d’assurance en cas d’accidents (la SUVA) s’était alors opposée à la demande italienne, craignant manifestement de tomber à son tour dans le collimateur des juges turinois.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°24 (septembre 2007)