Le gouvernement canadien s’opposa avec un cynisme peu commun à l’inclusion de l’amiante chrysotile dans la liste des produits dangereux prévue dans la Convention de Rotterdam.

Durant la semaine du 9 au 14 octobre 2006, les délégués d’une centaine de pays se sont réunis pour décider s’il fallait ajouter l’amiante chrysotile (la variété d’amiante la plus courante) sur la liste des produits dangereux (pesticides, amiante amphibole, etc) à surveiller.
Il ne s’agit pas d’interdiction d’un produit mais seulement de la liste de l’annexe III de la convention de Rotterdam qui prévoit un minimum de contraintes (étiquetage, information sur les risques, etc) pour le commerce des produits inscrits sur cette liste.
Le Canada, principal exportateur d’amiante a opposé un véto, soutenu par l’Ukraine, l’Inde et le Kirghizistan. Comment une chose pareille a pu arriver en 2004 et se répéter deux ans plus tard, au sein d’une agence de l’ONU mérite quelques explications supplémentaires.

- Qu’est-ce que la convention de Rotterdam ?

C’est une convention internationale ratifiée par plus de cent pays dont le Canada. Adoptée en 1998, elle est entrée en vigueur en 2004.
L’articulation essentielle est la « procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains produits chimiques et pesticides dangereux » (PIC) qui prévoit l’établissement d’une liste de produits dangereux.
Une caractéristique curieuse est la nécessité d’un consensus pour l’inscription d’un produit dangereux.
Ainsi il a suffi au Canada de refuser l’inscription de l’amiante chrysotile, sans aucun argument scientifique, pour provoquer cette crise.

- Quelles seront les conséquences de cette paralysie des organisations internationales ?

Suite au veto canadien, les organisations internationales ont donc fait la démonstration de leur incapacité à prendre une décision sur l’amiante chrysotile.

Quelles seront les conséquences de cette paralysie ?
L’effet concernant directement les pays européens et autres ayant interdit l’amiante est nul. Néanmoins les dégâts pour les pays du tiers monde pourraient s’avérer considérables.
Le but officiel de la Convention de Rotterdam est d’aider les gouvernements à disposer au sujet des produits chimiques dangereux des renseignements nécessaires pour prendre les décisions en pleine connaissance de cause.
Les représentants de l’Allemagne et de la Communauté européenne avaient déjà averti que la non-inscription sur la liste de l’amiante-chrysotile (le tueur majeur en milieu professionnel sur la planète) décrédibilise tout le processus.

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°24 (septembre 2007)