Deux semaines après la manifestation à Douai, 500 personnes de la région PACA se rassemblaient à Marseille pour une juste indemnisation. Avec de premiers résultats...

Ils sont venus de toute la région, pour se rassembler sur le parvis et dans la salle d’audience du tribunal de Marseille : près de 500 personnes à l’appel de nombreuses organisations de la région PACA.
Trois dossiers doivent être plaidés. Parmi eux trois ouvriers des chantiers navals de la Ciotat : un menuisier, un tuyauteur, un soudeur.

« On ne peut pas accepter que le montant des indemnisations soit divisé par quatre », explique Pierre Bouvier, du Centaure, une association qui s’est créée à la fermeture des chantiers, il y a vingt ans.
Alors que les indemnisations des veuves n’étaient jamais inférieures à 60.000 euros, on a vu un juge du Tass leur donner 15 000 euros pour le préjudice moral causé par la perte de leur époux. Alors que les victimes ayant des plaques pleurales et un taux d’IPP de 5% recevaient environ 40 000 euros, les indemnisations sont descendues à 3 000 euros. On en arrive même à obtenir des rendus de justice inférieurs aux offres du FIVA... Ces indemnisations dérisoires sont vécues comme une insulte par les victimes et leurs familles.

« Les délais sont interminables. Jusqu’à 50 mois d’’attente pour une audience, dit Maurice Huc, de l’Adevimap. Il n’y a plus qu’un juge au lieu de trois et il manque les deux tiers du personnel administratif au greffe du tribunal. La frappe et le tirage des décisions de Justice traînent en longueur. La notification peut arriver avec trois mois de retard... »
Tous refusent que soit remis en cause le droit à l’ACAATA, la « pré-retraite » amiante, pour tous les travailleurs dont l’exposition à l’amiante a réduit l’espérance de vie.
Un des manifestants cite le cas d’une famille dont quatre fils, qui avaient travaillé aux chantiers de la Seyne et de la Ciotat, sont tous décédés avant d’avoir atteint l’age de 60 ans.
Dix morts de l’amiante par jour en France. C’est insupportable.

Un car de l’Ardeva Sud-Est et de l’Asava est arrivé de Toulon. « Nous étions déjà venus à Port-de-Bouc, explique Monique Nowak, pour affirmer notre solidarité avec le Caper lorsqu’il a organisé un rassemblement devant la stèle à la mémoire des victimes de l’amiante. Quand on est unis, on est plus forts. »
Dans la salle d’audience, maître Sylvie Topaloff, avocate des victimes, argumente longuement sur l’inquiétude que peuvent causer, pour les porteurs de plaques pleurales, la certitude d’avoir de l’amiante dans les poumons et la crainte d’avoir un jour une pathologie plus grave. Trois dossiers sont plaidés aujourd’hui. Les trois victimes avaient eu des plaques pleurales avant d’être emportées par un cancer.
« Elle a fait une plaidoirie remarquable, dit Françoise Brunel, de l’Adeva Golfe de Fos. Le président l’a écoutée sans l’interrompre . Il ne pouvait pas faire autrement... »
La presse et la télé ne s’y sont pas trompées. Les journaux saluent ce rassemblement régional comme un événement : une première ! FR3 Marseille diffuse un reportage à 12 heures en invitant Monique Nowak sur le plateau et en diffusant des images à 19 heures.

Le jugement était très attendu. Il a été à la hauteur de nos espérances. « Les niveaux des indemnisations sont bien supérieurs à ce qui était obtenu dans la dernière période, explique Sylvie Topaloff. Les victimes étaient assez âgées. Le tribunal a accordé des sommes variant entre 70.000 et 90.000 euros pour l’action successorale. Une veuve a obtenu 40.000 euros pour son préjudice moral, des enfants majeurs 20.000 euros et des petits enfants 3000 euros. »
Il faut toutefois rester vigilant.
« Un des principaux buts de cette mobilisation était d’améliorer l’indemnisation des plaques pleurales, pour lesquelles le tribunal accordait des sommes dérisoires. Les affaires audiencées concernaient des pathologies graves et des décès. Il est donc encore trop tôt pour savoir s’il y aura un réel changement d’orientation du Président pour les plaques pleurales. »

Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : la mobilisation a eu un impact énorme. Elle commence à porter ses fruits : un magistrat supplémentaire a été nommé. Le Président du TGI de Marseille lui a donné comme instruction de prendre en priorité les dossiers amiante. Il entrera en fonction en octobre.
Cette journée ne restera pas sans lendemain. L’après-midi du rassemblement, les organisations présentes se sont réunies, avec la ferme volonté de continuer. « Les associations et les mutuelles présentes ont convenu de se revoir à la mi-septembre, ajoute Pierre Bouvier. Nous nous sommes proposés pour centraliser et dispatcher l’information. »

Le combat continue.


ILS ÉTAIENT À MARSEILLE LE 25 MAI

ASSOCIATIONS :
ADEVA (Golfe de Fos)
ADEVIMAP (Ouest de l’étang de Berre)
ARDEVA Sud Est (Toulon)
l’ASAVA (Toulon)
CAPER Eternit Caronte (Port-de-Bouc)
CENTAURE (la Ciotat)
Collectif Amiante (PACA)
SOS AMIANTE cheminots (Marseille)

MUTUELLES :
Mutuelle de la réparation navale de Marseille
Mutuelle de la Méditerranée de la Seyne
Mutuelle de la Ciotat

SYNDICATS :
Comité d’Etablissement de la DCN Saint-Tropez
Collectif Amiante CGT de la Sollac…

(nous prions ceux que nous aurions pu oublier de nous en excuser)


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°24 (septembre 2007)