OUVRIER CHEZ USINOR-DUNKERQUE
Une vie de fer et d’amiante

« Nous étions chargés d’effectuer le recyclage des déchets des hauts fourneaux, de dégager les coulées de fonte qui avaient débordé et qui s’étaient solidifiées.
Nous utilisions des chalumeaux et des lances thermiques qui nous permettaient de découper d’épaisses couches de fonte.
Pour nous protéger de la chaleur résiduelle des matériaux et des projections pendant le travail, nous portions des combinaisons, des gants et des cagoules en amiante. Ces protections étaient stockées dans nos camionnettes et elles étaient près de nous en permanence.
La cagoule en amiante recouvrant tout le visage, seuls les yeux étaient protégés par une visière. Nous respirions par le nez et par la bouche à travers le tissu en amiante. Les combinaisons étaient enfilées sur nos bleus de travail. Ceux-ci étaient si sales que mon épouse devait les laver deux fois. J’espère qu’elle ne sera pas contaminée par toutes ces poussières
 ».
« Les conditions de travail étaient très rudes et nous les compensions par une forte solidarité entre personnels. Notre entreprise étant disponible, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, ma vie de famille était aléatoire car j’étais le chef de poste et commandais une trentaine de salariés, tout en travaillant moi-même…
J’intervenais là où il y avait des difficultés, soit pour leur montrer la façon de faire, soit pour les aider.
 »
« Progressivement, je me suis mis à tousser et à cracher, ce qui me gène pour dormir. Ma respiration a changé et la montée des escaliers à notre appartement du second étage me coupe le souffle.
J’ai longtemps mis la toux sur le compte de bronchites anciennes. La rencontre avec un de mes amis, victime de l’amiante, m’a permis de faire la relation entre l’essoufflement et le contact avec ce produit ».

(extrait du récit de Jean G.)

Le récit et les photos sont tirés du livre édité par l’Ardeva Dunkerque :
« L’amiante a brisé leurs vies. Paroles de veuves et de victimes ».
Pour toute commande, s’adresser à l’association.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°24 (septembre 2007)