Le Docteur Françoise BEZU, qui dirigea le service de médecine du travail des dockers du Port de Dunkerque entre 1970 et 1995, a été mise en examen par Madame Bertella Geoffroy pour avoir involontairement causé le décès de 16 dockers ainsi que des atteintes à leur intégrité physique, et pour non assistance à personne en péril. Il lui est reproché une insuffisance d’action, des fautes caractérisées, imprudences, négligences particulièrement graves dans le cadre de sa mission de médecine du travail à compter du 1er octobre 1970.

C’est le deuxième médecin du travail mis en examen dans l’affaire de l’amiante, après le docteur Raffaeli, de Condé-sur-Noireau.
« les dockers déchargeaient une grande partie des navires qui arrivaient, bourrés d’amiante à Dunkerque, explique Pierre Pluta. Le chargement était descendu à l’aide d’une grue. L’amiante était dans des sacs en toile de jute que les dockers se coltinaient. La poussière d’amiante s’échappait des sacs troués. A la fin, il fallait nettoyer la cale avec un balai et une pelle…

Le médecin du travail est garant de la santé des travailleurs. Lorsqu’ils sont en bonne santé, c’est souvent le seul médecin qu’ils voient pendant des années. S’il faillit à sa mission, il est normal qu’il rende des comptes à la justice, même si le premier responsable reste bien évidemment l’employeur.
Au-delà des cas individuels, c’est tout le système qu’il faut revoir. Aussi longtemps que les médecins du travail seront directement rémunérés par l’employeur, leur indépendance restera problématique. « On ne coupe pas la main qui vous nourrit ». »


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°27 (septembre 2008)